Résumé
Le texte de théâtre est toujours un texte à venir, selon l’expression de Valère Novarina. Une fois écrit, il s’écrit encore sur scène. Et c’est toujours une entreprise délicate de le traduire. L’entreprise est encore plus difficile dès lors qu’on a affaire à un texte de théâtre où l’aventure de la pensée est dans le traversement même du langage, où affleure « une parole d’avant la capacité de parler », où les mots, « mis en mouvement », vous surprennent avec des sens imprédictibles, incisifs, à la faveur d’une sonorité mystérieuse ou d’un crochepied fait à la grammaire. C’est là la grande difficulté de la traduction du texte novarinien vers toute langue. Cette traduction est d’autant plus redoutable vers l’arabe littéraire que cette variété d’arabe a noué, depuis plus d’un millénaire, un lien indéfectible avec le sacré. Lien qui tend à figer sens et formes, à stigmatiser toute figure du multiple et de la variation. L’article tente de tisser une réflexion sur ces questions.