Résumé
Cet article examine une esthétique iranienne de la protestation qui, au lieu d’intervenir dans l’espace public en tant qu’agent politique, confère un pouvoir spirituel qui aide à retrouver un sens de l’humanité dans un contexte d’ordres déshumanisants. Les pratiques artistiques examinées se manifestent entre les moments de protestation plutôt que durant ceux-ci et proposent des récits plus réfléchis et métaphoriques des injustices du régime autoritaire. J’associe cette esthétique particulière à la figure chiite Zaynab bint ‘Ali, qui a accusé les tyrans, renforcé la détermination morale de sa communauté, ordonné d’accepter le commandement de Dieu et de reconnaître la beauté dans ses œuvres. Ce faisant, je remets en question la vision matérialiste et séculière de Hamid Dabashi, qui considère le chiisme comme une religion de protestation visant uniquement à changer la société, en démontrant que certains artistes favorisent ce que j’appelle le paradigme Zaynab d’une esthétique de la protestation qui agit à l’intérieur pour inspirer le rétablissement et la persévérance.