Résumé
Prenant en considération le documentaire syrien d’après 2011, on se rend compte que la question de la représentation des « corps meurtris » occupe une place majeure qui dépasse la documentation des crimes commis durant le conflit. En effet, on remarque dans un grand nombre d’entre eux un respect, une éthique envers les « corps meurtris ». La question de leur représentation a soulevé de profonds débats portant à la fois sur le fait de montrer des corps et de comment le faire. En nous concentrant davantage sur la façon de représenter les corps, nous nous intéresserons à la dimension réflexive et éthique que comportent ces représentations. Dans cette perspective, il s’agira donc de montrer comment les réalisateurs articulent ces différentes dimensions en analysant plusieurs séquences de documentaires. En pensant la distance – celle que les réalisateurs s’imposent et celle qui s’impose à eux - nous traiterons la façon dont le geste filmique intègre la dimension éthique dans la représentation des corps meurtris. Puis, nous montrerons comment les corps absents de l’écran occupent néanmoins une place centrale dans ces films, à travers, notamment, la représentation de lieux comme le cimetière, espace hétérotopique que l’on trouve chez Foucault.