Résumé
L'article d'Antoine Courban que nous publions était prévu, à l'origine, en tant que section d'un ouvrage collectif planifié, en son temps, par feu
Selim Abou s.j. et feu Samir Frangié. L'ouvrage en question se proposait de présenter les paramètres du vivre-ensemble et du non-vivre-ensemble à travers une esquisse de l'histoire moderne des territoires qui composent aujourd'hui la République Libanaise. Il s'agit donc essentiellement d'une période qui va de la période de l'Émirat de Bechir II Chehab sur la Montagne et qui se prolonge de nos jours dans le cataclysme qui a frappé Beyrouth le 4 août 2020. Beyrouth est une ville moderne qui s'est développée à partir du moment où Ibrahim Pacha (1789-1848) creusa le nouveau port capable d'accueillir les bateaux à vapeur. C'est à partir du port que le Beyrouth ottoman se développa, supplantant les anciennes Echelles du Levant comme Tripoli, Saida et Haifa. Un port, une gare, le Lazaret (Quarantaine), des commerces, des compagnies maritimes, tout ceci attira vers les environs du port des centaines d'immigrants venus de la montagne et d'ailleurs pour assurer leur subsistance. C'est ainsi que les quartiers hors-les-murs, démographiquement chrétiens, connurent une prospérité exceptionnelle.
En bord de mer : Medawar, Jemmayzé, Mar Mikhail, Jeitaoui, Rmeil, Saifi. Plus haut sur les collines de Moussaitbé et d'Achrafieh, les familles patriciennes installèrent leurs villas. Les missions religieuses chrétiennes dotèrent cette ville nouvelle d'écoles, d'universités et d'hôpitaux. Tel estle cadre du vivre- ensemble libanais dont le creuset est ce mode de vie de Beyrouth sans lequel le Liban n'aurait aucun message à transmettre au monde. L'ancienne petite ville côtière de Beyrouth s'est agrandie et s'est développée par agrégation centripète et non par expansion centrifuge comme Tripoli. En cette année du centenaire du Grand Liban, nous publionsce texte en hommage à Beyrouth, la capitale libanaise, aujourd’hui ville meurtrie, dévastée et éventrée en espérant que le cataclysme du 4 Août 2020 ne soit pas l'arrêt de mort de cette métropole qui, depuis 160 ans, a su jouer un rôle exceptionnel en Méditerranée.