Abstract
Un siècle après Les Lettres Persanes de Montesquieu, et une quarantaine d’années après la publication de L’Or de Paris de Rifâ‘a al-Tahtâwî, Butrus el Bustânî, figure de proue de la renaissance tant politique que littéraire du monde arabe, compare dans la «Société politique» (al-ijtimâ‘ al-siyâsî), le monde arabe et le monde occidental. Conformément à son prédécesseur al-Tatâwî, Bustani utilise l’approche comparative dans un esprit critique à l’égard du milieu de son enfance. Elève du Collège Maronite de ‘Ayn Waraqa, une «antenne» au Liban du prestigieux Collège maronite de Rome fondé par le pape Grégoire XIII en 1584, Al-Bustânî s’imprègne de la pensée des Lumières. Son oeuvre majeure est «l’Encyclopédie Arabe» (Dâ’irat al-Ma‘ârif). Témoin privilégié des guerres fratricides druzo-chrétiennes de 1840 qui le font partir à Beyrouth, Bustânî ne cesse de lutter contre l’obscurantisme de son temps, et appelle à la séparation du religieux et du politique comme condition nécessaire d’accès au statut de «civilisation» (al-tamaddun).