Résumé
Cet article porte sur trois films libanais : Il était une fois, Beyrouth (1995) de Jocelyne Saab, Le Liban à travers le cinéma (2003), un court-métrage de Hady Zaccak, et Cinéma de guerre au Liban (2003), un documentaire de Zaccak également. Ces trois films ont en commun une composition singulière centrée sur une pulsion d’archive. Nous suggérons que ce mouvement vers l’archive prend deux formes majeures : l’utilisation d’un montage de séquences de films libanais, ou de films sur le Liban, et des croisements de différents seuils narratifs et entre réalité et fiction. Nous nous appuyons sur la définition de la métalepse par Gérard Genette pour analyser la nature de ces croisements et sur la notion de « survivance » proposée par Georges Didi-Huberman pour examiner les multiples traces de l’archive dans chaque film. Nous proposons également qu’en amenant différents films à interagir les uns avec les autres – tout comme les archives cinématographiques dans Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard – Saab et Zaccak composent de nouveaux récits et agissent donc eux-mêmes, consciemment, en ciné-archivistes réfléchissant tant à la mémoire du cinéma libanais qu’à ses silences.