Résumé
Après plus de vingt ans de silence, le cinéma algérien refait surface sur la scène internationale depuis une dizaine d'années, à travers des co-productions avec l'étranger et notamment avec l'Europe. Le recours aux financements étrangers et l'adoubement de ces films par les instances de légitimation du Nord que constituent les commissions de lecture autant que les festivals internationaux les plus prestigieux, posent la question de l'assujettissement de ces cinéastes à l'hégémonie culturelle européenne. Or si certains cinéastes et producteurs algériens se tournent vers les guichets étrangers c'est avant tout pour s'affranchir de la tutelle de l'État et de la censure dans leur propre pays. Loin de se trouver dans une position de subalternes unilatéralement soumis aux représentations stéréotypées et aux attentes supposées du public européen, ces cinéastes proposent au contraire dans leurs films des images plurielles de la société algérienne, ancrées dans le temps présent et qui tranchent avec le discours officiel porté par des épopées de glorification nationale tournées vers le passé. Ces co-productions qui débordent le cadre national algérien relèvent ainsi davantage de stratégies de résistance de cinéastes indépendants que d'une aliénation post-coloniale aux valeurs de l'ex-métropole.