Résumé
Vingt-huit ans après sa fin, la guerre civile libanaise demeure un thème prégnant des œuvres et discours d’artistes beyrouthins là où la société et les institutions en ont fait un tabou. L’art constitue dès lors une entrée privilégiée d’appréhension du contexte social et de ses évolutions dans l’après-guerre. L’effectivité du processus de réconciliation, voire sa monopolisation par les acteurs du monde de l’art, peut être mesurée par des voies non-institutionnelles. Plus encore, la mutation des représentations de guerre dans l’art, entre une génération de guerre et une génération d’après-guerre, reflète une redéfinition de la figure et du rôle de l’artiste dans son rapport au politique : autrefois artiste-historien, l’artiste-citoyen d’aujourd’hui révèle un changement notable dans la conception sociale du Liban, qui repose sur la décommunautarisation urbaine et la désassignation identitaire.