Résumé
Cet article examine un réseau de musiciens indépendants et autofinancés basé à Beyrouth qui traduit leurs souvenirs et émotions en pratiques artistiques et militantes. En s'appuyant sur des albums musicaux créés après l'explosion du port de Beyrouth en 2020, cette contribution explore l'impact social et émotionnel des espaces de production musicale gérés par des artistes. Elle se concentre sur un réseau d'amitié autour du studio d'enregistrement Tunefork Studios, géré collectivement, et souligne comment l'attention, la confiance et la solidarité entre les citoyens libanais et les producteurs de musique se traduisent à la fois dans les pratiques créatives et les stratégies de production et de distribution.
Cet article soutient que les musiciens basés à Beyrouth thématisent de plus en plus la charge émotionnelle et l'investissement personnel dans les crises politiques, infrastructurelles et humanitaires dans leurs pratiques créatives depuis 2019. Ce moment crucial est marqué par des événements tels que la pandémie de Covid-19, le soulèvement de 2019, la crise économique du Liban, l'explosion du port de Beyrouth en 2020 et la guerre israélienne ciblant le Liban et la Palestine voisine.
En analysant le contenu lyrique et la composition sonore de la chanson Home is So Sad (2021) du groupe de dream pop Postcards, cette contribution cherche à révéler la manière dont la création musicale collaborative et l'écriture de chansons peuvent être utilisées comme moyen de guérison, de traitement et de préservation de ses sentiments pour créer des infrastructures culturelles durables.
Cet article utilise une approche méthodologique qui s'appuie sur une enquête anthropologique et des récits d'artistes qui établissent un lien entre les interventions sonores et l'activisme de la base. Il s’appuie sur un travail de terrain numérique réalisé en personne à Beyrouth et sur la plateforme musicale Bandcamp où j’ai examiné des notes de pochettes, ainsi que sur des travaux universitaires dans les domaines de l'anthropologie sociale.
