À qui profite le crime : paranoïa et folie dans « Nesma » d’Homeïda Behi
PDF

Mots-clés

Cinéma tunisien
film noir
folie
paranoïa
thriller
Tunisie
« Nesma »
Zine el-Abidine Ben Ali

Comment citer

JONES, C. (2025). À qui profite le crime : paranoïa et folie dans « Nesma » d’Homeïda Behi. Regards, (33), 167-183. https://doi.org/10.70898/regards.v0i33.1417

Résumé

Cet article se penche sur les concepts de la folie, du délire de persécution et de la paranoïa dans le thriller psychologique Nesma (2003) du réalisateur franco-tunisien Homeïda Behi. Nesma met en scène la banlieue nord de Tunis peu après la révolution dite du jasmin du 14 janvier 2011 et évoque les années de la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali. Dans cet article, nous proposons une lecture approfondie de ce film à travers les prismes de la folie, du délire de persécution et de la paranoïa, en nous appuyant sur les analyses de Michel Foucault et de la philosophe et psychanalyste Sophie de Mijolla-Mellor, ainsi que sur la musique du film et des études historiques sur le régime de Zine el-Abidine Ben Ali. Le film révèle que la folie n’existe pas seulement dans une personne, mais dans une relation avec autrui, voir dans un système de relations. Le film porte une critique sociale et morale. À la fois drame psychanalytique et film noir, ce thriller autofictionnel qui s’inspire du vécu de Behi témoigne de la paranoïa collective d’une société en mutation et dénonce certains abus, notamment la loi de l’omerta qui entrave les personnages les poussant à communiquer par allusions et à dissimuler leurs mensonges et la corruption des autorités. À travers ce film, Behi offre une critique à peine voilée de la société tunisienne contemporaine. Le choix du film noir et des motifs de la folie et de la paranoïa est judicieux, permettant de faire surgir un univers profondément ancré dans ses souvenirs et ses ressentis.

https://doi.org/10.70898/regards.v0i33.1417
PDF