Résumé
Cet article propose deux thèses : 1) La comédie du crime postcoloniale en arabe articule un Inconscient social exprimé dans des « lapsus » cinématographiques. Cet Inconscient porte un désir non-dit de mettre fin à l’autoritarisme et à l’état-policier, matérialisés par l’omniprésence et l’omniscience de la police dans la comédie du crime ; 2) La comédie du crime en arabe est le véhicule d’un discours de propagande au service d’une « idéologie du vaudeville ». Cette idéologie est portée par un discours où le film promet aux citoyens l’accès au luxe vaudevillesque, tels qu’une grande fortune, des femmes sophistiquées, et mêmes de petits péchés de plaisirs, ainsi que l’intégration au tissu social de la nouvelle classe moyenne établie par les politiques de l’état postcolonial, en échange de leur loyauté envers le régime et leur adhésion au discours sur la libération nationale. Deux films égyptiens sont analysés pour soutenir ces propositions : Qu’as-tu fait de mon père ? de Nizai Mostafa (1970) ; et Drôle de crime également traduisible par Comédie de crime de Najdi Hafez (1963). Qu’as-tu fait de mon père ? « rêve » la mort du Père, qui pourrait être comprise comme une matérialisation de la mort symbolique du Dictateur. Comédie de crime met en scène une situation où le personnage principal est littéralement indemne après avoir commis un meurtre. Il est même récompensé par un mariage avec une jeune femme riche, belle, appartenant aux couches supérieures de la classe moyenne, simplement parce qu’étant producteur de télévision, il fait partie de la machine de propagande de l’état postcolonial.