Résumé
En 1951, Salah Abu-Seif réalise Lak Yūm yā Ẓālim (Ton jour viendra), en adaptation de Thérèse Raquin d’Émile Zola (1867), d’après un scénario de Naguib Mahfouz. Pour leur troisième collaboration, Abu-Seif et Mahfouz ne se contentent pas d’adapter le roman de Zola ; ils y intègrent également des traits et des techniques du film noir, créant ainsi ce que cet article qualifie d’adaptation polyphonique, qui navigue librement entre plusieurs sources. Si leur partenariat est avant tout reconnu pour avoir posé les bases du réalisme cinématographique égyptien, cet article propose de nuancer cette lecture en mettant en avant l’inscription du film dans le thriller criminel. Bien que l’adaptation de romans français ait été une pratique courante dans le cinéma égyptien avant 1952, le choix de Thérèse Raquin – roman central dans la sensibilité noir d’après-guerre – suggère que la connexion entre film noir et cinéma égyptien est plus ancienne et plus profonde qu’on ne le suppose généralement.