Résumé
Cet article examine la figure du hors-la-loi dans la fiction égyptienne moderne à travers le prisme du cadre conceptuel du banditisme social et de la tragédie classique. Il offre un angle d’analyse unique de l’une des œuvres les plus prolifiques de Mahfouz qui émerge à une époque d’anxiété politique croissante suite à la révolution égyptienne de 1952. En lisant l’adaptation cinématographique de 1962 du Voleur et les chiens de Naguib Mahfouz réalisée par Kamal El-Sheikh comme une projection de l’incertitude sociopolitique de l’ère Nasser post-révolutionnaire, cet article considère la figure du hors-la-loi dans la condition d’aliénation sociale. En utilisant les frontières conceptuelles fixées par Eric Hobsbawm et Graham Seal autour du « bandit social », le protagoniste de Mahfouz, Said Mahran, est un amalgame à la fois de banditisme social et d’héroïsme tragique. C'est à travers cette juxtaposition complexe que Mahfouz et El-Sheikh parviennent à leur commentaire politique en présentant un personnage qui personnifie un sentiment général d'aliénation dans le contexte sociopolitique égyptien.