Résumé
Le concept de dignité prend une tournure singulière lorsqu’on considère son double usage par le régime et ses opposants en Syrie depuis 2011. À l’image de Bachar al-Assad, la dignité semble avoir deux « corps ». L’un est associé à la période des révolutions arabes, des événements que certains chercheurs espéraient marquer la fin de la post-colonialité (Dabashi Hamid) ; l’autre est lié à la lutte anticoloniale pour la dignité incarnée dans l’État postcolonial (Harkin Juliette). En s’appuyant sur Quentin Skinner et Reinhard Koselleck, cet essai propose une méthode pour analyser la continuité lexicale et les évolutions sémantiques dans le lexique de la révolution syrienne. À travers la méthode de RG Collingwood consistant à raisonner à rebours du problème à la solution, j’analyse pourquoi la dignité, et non un autre terme comme la démocratie, est devenue une revendication centrale de la révolution syrienne.