Appels à contributions

Appel à communications - Revue REGARDS, no 34 :

Musiques au Proche-Orient après le tournant numérique

Numéro coordonné par :
Nicolas Puig nicolas.puig@ird.fr
Amr Abdelrahim amr.abdelrahim@sciencespo.fr
Thomas Michel thomas.michel1999@hotmail.com

Au tournant des années 2000, la production et la création musicale ont été transformées par les évolutions technologiques dans les différentes régions du monde dont le Proche-Orient marquant l’avènement d’un “régime numérique” (Olivier, 2017) de la musique. Une nouvelle organisation de la production artistique proche-orientale de l’Égypte à l’Irak en passant par les Territoires Palestiniens, la Syrie, la Jordanie et le Liban se met en place. Elle procède des innovations liées aux nouvelles formes d’expression, de communication et de production de la musique contemporaine conduisant à une pluralité des savoirs et pratiques musicales qui se manifestent au sein des dynamiques nationales et régionales (De Blasio 2020, 2021, Johannsen 2017, Rasmussen 1996).
Ce numéro de la revue Regards (Université Saint-Joseph de Beyrouth) propose d’étudier les dynamiques de production musicale et les formes de diffusion dans le Proche-Orient contemporain, notamment par les pratiques de do it yourself qui se sont développées à la faveur de l’avènement des home studios (Péneau 2023) et les plateformes d’écoute à moindre coût. L’enjeu d’une telle étude est ainsi de confronter les différentes esthétiques des musiques actuelles, mêlant les divers héritages intellectuels et culturels, mobilisant les affects de la nostalgie (Dauncey & Tinker 2014) et ceux liés aux réalités historiques partagées par les habitants de la région (Fahmy 2013). On posera la question de comprendre l’articulation des dynamiques musicales avec les frontières sociales, politiques, étatiques et les différents contextes de conflits.
Ce numéro cherchera également à mettre en avant les systèmes complexes de communication, d’enregistrement et d’accumulation des savoirs et pratiques des artistes proche-orientaux en suivant différentes approches liées aux popular music studies (Hesmondhalgh & Meier 2014, Nowak 2013), aux sciences and technology studies (Olivier 2017, Shafiee 2019) et aux courants ethnomusicologiques contemporains (Olivier 2022, Stokes 2022). Il s’agit alors de mettre en lumière les régimes de légitimité et d’authenticité (Guillard & Sonnette 2020) de la musique proche-orientale. Des pratiques comme celle des featuring (Roquebert 2020) et l’arrivée de plateformes de streaming comme SoundCloud (Allington, Dueck & Jordanous 2015, Hesmondhalgh, Jones & Rauh 2019) permettent aussi aux artistes, malgré les frontières physiques, de créer collectivement autour d’esthétiques communes et de communiquer leurs créations. L’intensification de ces circulations fait émerger de nouveaux acteurs économiques autour d’une “nouvelle pop arabe transnationale” (France 2020) distincte de l’industrie pop traditionnelle organisée autour d’un axe Beirut-Riyad (Kraidy 2007). Par ailleurs, la région du Proche-Orient est de plus en plus intégrée dans un système mondial, même si les échanges entre le centre et les marges sont toujours caractérisés par un “décalage” structurel (Sprengel 2023).
Les contributions pourront s’intéresser à la situation d’un pays en particulier, tant il est vrai que les études sur les musiques au Proche-Orient restent très largement marquées par des ancrages nationaux. L’Égypte en premier lieu fait l’objet d’un investissement important de la recherche musicale pour aborder les musiques sacrées (Gabry-Thienpont 2015), les musiques populaires comme le Shaabi (Puig, Frankfort 2006, 2022) et le mahragan (Puig 2020), ou encore les musiques indépendantes (Sprengel 2018, 2020, El Chazli et Gabry-Thienpont 2020) comme le rap (Mangialardi 2016, Weiss 2016, Williams 2010). Les autres pays de la région ont ainsi fait l’objet de recherches plus ou moins récentes ou actualisées (Shannon sur la Syrie, 2006, Bukhalter et Puig sur le Liban, 2007, McDonald sur la Palestine, 2010, 2013, 2019). À titre d’exemple, certains auteurs se sont intéressés à la musique jordanienne à travers les espaces de la diaspora dans la musique (Thibdeau 2020) ainsi qu’à travers les études sur les jeunesses, la culture underground (Munk 2021), la musique traditionnelle Dabke (Al Bakri & Mallah 2020) et les popular music (Galakhova 2008). De son côté, la musique palestinienne fait aussi l’objet d’études tournées vers le discours de résistance face à l’occupation israélienne (Belkind 2021, El Sakka 2010, Eqeiq 2012) ou qui tentent d’approcher les subjectivations des jeunesses palestiniennes par et à travers la musique (Karkabi 2013, 2020, Sunaina 2008, Withers 2021, Zielinska 2018).
De la sorte, les études sur la musique dans la région sont toujours en tension entre une logique transversale (la musique arabe) et des approches nationales (musique d’Égypte, du Liban, de Syrie, etc.).
Pour ce numéro, il est attendue des propositions reposant sur des ethnographies situées portant sur les créations, productions et diffusions musicales, aussi bien à l’échelle nationale qu’à l’échelle régionale, de manière transversale et/ou traversante au sein du Proche Orient contemporain.

Modalités de soumission

Les chercheurs désireux de soumettre un abstract (en français, anglais ou arabe) sont invités à l’envoyer à l’adresse suivante : regards@usj.edu.lb, avant le 10 septembre 2024.

Le message doit comporter :

  • Le résumé (abstract) de l’article (approx. 500 mots).
  • Les Mots-clés.
  • Une notice bio-bibliographique (approx. 100 mots).

Les abstracts seront examinés par le comité de rédaction, et les auteurs recevront une réponse fin septembre 2024.

Comité scientifique

  • Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)
  • Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
  • Riccardo Bocco, PR (Graduate Institute of International and Development Studies Genève, IHEID, Suisse)
  • Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France)
  • André Habib, PR (Université de Montréal, Canada)
  • Dalia Mostafa, MCF (University of Manchester, Angleterre)
  • José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
  • Jacqueline Nacache, PR (Université de Paris, France)
  • Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
  • Kirsten Scheid, Associate PR (American University of Beirut, Liban)

Rédacteur en chef : Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)

Directeurs du dossier thématique : Nicolas Puig (Université Paris Cité) – Amr Abdelrahim (Sciences Po, Paris) – Thomas Michel (IRD, Université Paris Cité).

Les résumés des propositions sont attendus pour le 10 septembre 2024. Une fois les résumés sélectionnés, les articles seront demandés pour le 10 janvier 2025.

Références bibliographiques

Al Bakri, T., & Mallah, M. (2020). Dabkeh al Djoufieh: Exploring the Sustainability of Jordanian Folklore. Conservation Science in Cultural Heritage, 20(1), 227–245 ;

Allington D., Dueck, B. & Jordanous A. (2015). Networks of Value in Electronic Music : SoundCloud, London, and the Importance of Place. In: Cultural Trends, vol. 24, no 3, p. 211-222.

Belkind, N. (2021). Music in conflict. Palestine, Israel and the politics of aesthetic production. SOAS studies in Music, Routledge (ed.), 282p ;

Bukhalter, T. (2007) Mapping Out the Sound Memory of Beirut. A survey of the music of a war generation, In : N. Puig, F. Mermier, Itinéraires esthétiques et scènes culturelles au Proche-Orient, IFPO, p. 103-125 ;

Dauncey, H. & Tinker, C. (2014). La Nostalgie dans les musiques populaires. In: Volume !, 11 : 1 | 2014, 7-17 ;

De Blasio, E. (2020). Rap in the Arab World: Between Innovation and Tradition. In : G. Mion (Ed.), Mediterranean Contaminations: Middle East, North Africa, and Europe in Contact (pp. 219-231). Berlin, Boston: De Gruyter. https://doi.org/10.1515/9783112209363-009 ;

De Blasio, E. (2021). Poetry in the Era of Social Networks: The Case of Faraḥ Šammā. In : Annali di ca’ foscari: eerie orientale, Vol. 57, no. 1 ;

El Chazli, Y. et Gabry-Thienpont, S. (2020). Rap, Rock, Électro... Les musiques indépendantes et l’État. In :  Montas, A (dir.). Droit(s) et Hip Hop. Paris : Mare et Martin, 2020.

El Sakka, A. (2010). Revendication identitaire été représentations sociales : émergence d’un nouveau mode d’expression artistique de groupes de jeunes Palestiniens. In : Cahiers de recherche sociologique, (49), pp. 47-62. https://doi.org/10.7202/1001411ar ;

Eqeiq, A. (2012) Music: Hip-Hop, Spoken Word and Rap: Israel/Palestine. In : Encyclopedia of Women & Islamic Cultures, edited by Suad Joseph, Afsaneh Najmabadi, Julie Peteet, Seteney Shami, Jacqueline Siapno and, and Jane I. Smith ;

Fahmy, Z. (2013). Coming to our Senses: Historicizing Sound and Noise in the Middle East. In: History Compass 11 (4): 305–15 ;

Frankford, S. (2022). Shaʿbi music and struggles over ‘the popular’: class, space and emotion in contemporary Cairo, Ph.D. thesis, University of Oxford ;

France, P. (2020). Stream Poker 1 : Pourquoi le streaming n’a pas (encore) bouleversé la musique dans le monde arabe. OrientXXI, 12 juin ;

France, P. (2020). Stream Poker 2 : Vers une nouvelle pop arabe ? OrientXXI, 19 juin ;

Johannsen Igor, J. (2017). Keepin’ It Real : Arabic Rap and the Re-Creation of Hip Hop’s Founding Myth. In : Middle East Topics & Arguments, 7:2017 ;

Galakhova, A. E. (2008). Popular music in jordanian schools: a clash of cultures or a necessary progression ? University of Kent (United Kingdom) ProQuest Dissertation & Theses ;

Guillard S. & Sonnette M. (2020). Légitimité et authenticité du hip-hop : rapports sociaux, espaces et temporalités de musiques en recomposition. In : Volume! : Le Monde ou rien ? 17 : 2 | 2020 ;

Hesmondhalgh D. & Meier L. M. (2014). Popular Music, Independence and the Concept of the Alternative in Contemporary Capitalism. In : Bennett James & Strange Niki (eds.), Media independence : Working with freedom or working for free, Londres, Routledge, p. 94-116 ;

Hesmondhalgh, D., Jones, E. & Rauh A. (2019). SoundCloud and Bandcamp as Alternative Music Platforms. In : Social Media + Society, vol. 5, no 4, p. 1-13 ;

Karkabi , N. (2013). Staging Particular Difference : Politics of Space in the Palestinian Alternative Music Scene. SOAS, University of London, UK ;

Karkabi, N. (2020). Self-Liberated Citizens : Unproductive Pleasures, Loss of Self, and Playful Subjectivities in Palestinian Raves. In : Anthropological Quarterly, Volume 93, Number 4, Fall 2020, pp. 679-708 ;

Kraidy, M. (2007). Saudi Arabia, Lebanon and the Changing Arab Information Order. International Journal of Communication, 1 (2007), 139-156 ;

Mangialardi, N. (2016). Deciphering Egyptian Rap Ciphers. In :  Middle East Journal of Culture and Communication, 12, 2016, p. 68-87.

Mc Donald, D. A. (2010). Geographies of the Body: Music, Violence, and Manhood in Palestine. In: Ethnomusicology Forum 19 (2): 191–14 ;

McDonald, D. A. (2013). Imaginaries of Exile and Emergence in Israeli Jewish and Palestinian Hip Hop. In: TDR (1988-) , Fall 2013, Vol. 57, No. 3 (Fall 2013), pp. 69-87 ;

McDonald, D.A. (2019). Framing the "Arab Spring": Hip Hop, Social Media, and the American News Media. In: Journal of Folklore Research 56(1), 105-130. https://www.muse.jhu.edu/article/719129 ;

Munk, L. (2021). “Don’t Tell Me Underground”: The Politics of Joy and Melancholy in Jordan’s Alternative Arabic Music. UC Santa Barbara ;

Nowak, R. (2013). Consommer la musique à l’ère du numérique : vers une analyse des environnements sonores. In : Volume ! La revue des musiques populaires, no 10-1, p. 227-228 ;

Olivier, E. (2017). Les opérateurs téléphoniques comme nouveaux opérateurs culturels politiques de la musique au Mali. In : Politiques de communication, 2017, Hors série N° 1, HS, p. 179-208 ;

Olivier, E. (2022). Des cultures enregistrées aux cultures de l’enregistrement : l’ethnomusicologie à un tournant épistémologique ? Volume, 19:2, 17-38 ;

Puig, N. (2006). « Sha’abî, « populaire » : usages et significations d’une notion ambiguë dans le monde de la musique en Égypte », Civilisations, n° 1-2, p. 23-44. https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00003944v1 ;

Puig, N. (2007). « Bienvenue dans les camps ! ». L’émergence d’un rap palestinien au Liban : une nouvelle chanson sociale et politique, In : N. Puig, F. Mermier, Itinéraires esthétiques et scènes culturelles au Proche-Orient, IFPO, p. 103-125 ;

Puig, N.(2020). « De quoi le mahragān est-il le son ? Compositions et circulations musicales en Égypte », In R. Jacquemont et F. Lagrange, Culture pop en Égypte. Entre mainstream et contestations, Riveneuve, p. 387-422

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02094943v2 ;

Rasmussen, A. K. (1996). Theory and practice at the ‘Arabic org’: digital technology in contemporary Arab music performance. In : Popular Music, octobre 1996, vol. 15, no 3, p. 345-365 ;

Péneau, M. (2023). Le beatmaking à Dakar : savoirs, pratiques et cultures du numérique. Thèse en musique, histoire et société soutenue auprès de l’EHESS et du Centre Georg Simmel.

Roquebert, C. (2020). Le capital social des rappeurs : les featurings entre gain de légitimités et démarche d’authentification professionnelle. In : Volume ! : Le Monde ou rien ? 17 : 2 | 2020 ;

Shafiee, K. (2019). Science and Technology Studies (STS), modern Middle East History, and the infrastructural turn. In;: History Compas. 2019:17e12598 ;

Shannon, Jonathan H. (2006). Among the Jasmine Trees: Music and Modernity in Contemporary Syria. Middletown, Conn.: Wesleyan University Press ;

Sprengel, D. (2018). Challenging the Narrative of “Arab Decline”: Independent Music as Traces of Alexandrian Futurity. In : Égypte/Monde arabe, 2018/1 (n° 17), p. 135 à 155 ;

Sprengel, D. (2020). Neoliberal Expansion and Aesthetic Innovation: The Egyptian Independent Music Scene Ten Years After. In : International Journal of Middle East Studies, 2020, 52(3), p. 545-55 ;

Sprengel, D. (2023) Imperial lag: some spatial-temporal politics of music streaming’s global expansion. Communication, Culture and Critique, Volume 16, Issue 4, p. 243–249 ;

Stokes, M. (2022). De l’ethnographie, à l’heure où nous sommes « tous (ethno)musicologues ». Volume, 19:2, 133-151;

Sunaina, M. (2008). « We Ain’t Missing ». Palestinian Hip Hop — A Transnational Youth Movement. In : The New Centennial Review, Vol. 8, No. 2, 2008, pp. 161 -192 ;

Thibdeau, K. M. (2020). Becoming Diaspora: A Performative History of Circassian-Jordanian Culture and Politics. University of Colorado at Boulder ProQuest Dissertations Publishing ;

Weis, E. R. (2016). Egyptian Hip-Hop: Expressions from the Underground. Le Caire : American University in Cairo Press, 2016 ;

Williams, A. (2010) We Ain’t Terrorists but We Droppin’ Bombs’: Language Use and Localization in Egyptian Hip Hop. In : Terkourafi, M. Languages of Global Hip Hop : 67-95 ;

Withers, P. (2021). Ramallah ravers and Haifa hipsters: gender, class, and nation in Palestinian popular culture. In : British Journal of Middle Eastern Studies, 48:1, 94-113, DOI: 10.1080/13530194.2021.1885852 ;

Zielinska, A. C. (2018). La disparition de la politique : le rap entre Israël et la Palestine, entre Juifs et Arabes.
In : Mouvements, 2018/4 (N°96), pp. 102-110.

Appel à communications – Revue REGARDS, no 33 :

Le crime à l’écran dans le monde arabe

Le présent colloque s’intéresse au cinéma et séries criminelles arabes : il s’agit d’œuvres de fiction mettant en scène des crimes et des criminels, et (le plus souvent) des personnages d’enquêteurs, publics ou privés, depuis les débuts du cinéma arabe jusqu’à nos jours. Le terme « arabe » est entendu au sens large, en référence à tout film ou série produit dans le monde arabe et/ou en langue arabe.
L’objectif de ce colloque n’est pas de coller une taxonomie rigide sur ces œuvres criminelles mais de les replacer dans leur contexte historique de production et de réception, et de réfléchir aux multiples dimensions – narrative, culturelle, sociale, juridique, politique, etc. – du champ criminel et, le cas échéant, de l’enquête dans les cinématographies et séries arabes.
L’industrie cinématographique dans le monde arabe s’est saisie tôt de la thématique criminelle et policière. Depuis son essor dans les années 1950, le cinéma arabe, notamment en Égypte nassérienne, regorge de crimes, criminels, magistrats ou enquêteurs.
Les thématiques et atmosphères du cinéma criminel arabe rappellent souvent le film noir américain ou français : jouant sur le noir et blanc et les musiques dramatiques, mêlant histoires de crimes (souvent des meurtres) et mélodrame social, il fait la part belle aux situations désespérées, où l’injustice, la désorientation, la folie ou la fatalité occupent le premier plan.
Il en va de même en ce qui concerne les séries TV, qui ont connu un grand succès bien avant le développement des plateformes payantes et des séries complexes, et sont souvent le théâtre d’enquêtes criminelles. L’observation de
G. Parolin concernant les séries égyptiennes vaut pour le reste : « Les énigmes ou crimes figurent souvent comme le dispositif narratif central de séries entières qui ne sont pas nécessairement regroupées sous une même appellation générique »
(Parolin, 2021a). La présence de ces énigmes ou crimes est aujourd’hui confortée par l’émergence de plateformes comme Shahid VIP, conçue dans la lignée de Netflix, qui contribue à revitaliser les genres populaires et enraciner le genre criminel dans les habitudes télévisuelles des publics arabes.
Le corpus conséquent de films noirs et de séries policières ou criminelles, la place qu’ils occupent dans le paysage cinématographique et télévisuel du monde arabe, l’expression formelle ou esthétique à laquelle ils aspirent, leurs discours parfois complexes et élaborés sur l’univers du crime, leur appropriation de motifs thématiques ou stylistiques venus d’autres cinématographies (notamment du cinéma hollywoodien), l’accueil de la critique, le succès populaire massif qu’ils rencontrent sont autant d’aspects qui nous invitent à les penser en termes génériques et à interroger leurs contextes, leurs codes, leurs caractéristiques, ainsi que la variété des lectures qu’ils suscitent.

Quelques jalons cinématographiques et sériels

L’on pense ainsi à Rayā wa Sakīna (Raya et Sakina, 1953) ou à al-Waḥš (Le monstre. 1954) du réalisateur Salah Abou Sayf, sur des scénarios de Naguib Mahfouz. Quand bien même l’enquête serait empirique, la poursuite du coupable à la tête de tout un système mafieux ainsi que le suspense qui les caractérisent les rapprochent du film de gangsters ou du film noir. Ces films montrent aussi que, tout en étant ancré dans un contexte local, le cinéma de la période classique égyptienne renvoie explicitement à certains auteurs et codes hollywoodiens. Une tendance qui se retrouve dans Bāb al-ḥadīd (Gare centrale, 1957) ou dans al-Iḫtiyār (Le choix, 1971) de Youssef Chahine. Plus récemment, The Nile Hilton Incident (Le Caire confidentiel), film multi-récompensé du réalisateur suédo-égyptien Tarik Saleh (2017, coproduction germanodano-suédoise) s’impose comme « un vrai film noir » à l’égyptienne (Jean-François Rauger, Le Monde, 2017). Le film policier maghrébin apparaît dès le milieu des années 1970. Il ne gagne en visibilité qu’au tournant du millénaire : Casanegra (2008/ langue d’origine dialectal marocain) de Nour Eddine Lakhmari ou Bay‛ al-mawt (Mort à vendre. 2011) de Faouzi Bensaïdi constituent de puissants témoignages sur les effondrements et les vulnérabilités des sociétés arabes. La littérature participe à alimenter le cinéma avec des récits de meurtres à élucider. Le film franco-algérien Morituri (2007) réalisé par Okacha Touita, est adapté du roman éponyme de l’écrivain Yasmina Khadra. L’Égyptien Ahmad Mourad écrit les scénarios de ses propres romans noirs : al-Fīl al-azraq (L’éléphant bleu, 2014) et Turāb al-mās (Poussière de diamant, 2018), réalisés par Marwan Hamed. Au Maroc, Abdulillah Hamdoushi écrit le scénario de son roman al-Ḥanaš_(al-Hanaš, 2017).
Les séries ne sont pas en reste. Dans certains pays arabes, le phénomène est d’ampleur, surtout pendant la période du Ramadan. Ainsi, en Égypte, on peut citer Man al-ǧānī _? (Qui est le coupable ?, 2015) ; Istīfā _(Rapport préliminaire, 2015) ; Kalabš _(Menottes, 2017) ou Ḍidd maǧhūl (Affaire non résolue, 2018) . En Syrie, Luġz al-ǧarīma (Le mystère du meurtre, 2003) ; Ḫaṭṭ_alnihāya (Le chemin de la fin, 2002-2017) ou Kašf al aqni’a (Les masques tombent, Ramadan 2011) figurent parmi les titres phares. Au Maroc, al-Qaḍiyya (L’Affaire, 2006-2007), al-Ġūl (L’Ogre », 2016) ou al-Sirr al-madfūn (Le secret enfoui, Ramadan 2020) illustrent le phénomène criminel. Et la liste est longue.

Axes de recherche

S’interroger sur la manière dont la dimension noire/criminelle se présente dans les films et séries arabes, depuis les débuts du cinéma arabe jusqu’à aujourd’hui. Quelle est la nature des crimes, le rôle des criminels, victimes ou enquêteurs ? Que révèlent les modalités de l’investigation ? Quels sont les systèmes de valeur, les idéologies, les ressorts historiques, socio-politiques, économiques et psychologiques, les points de vue dominants, le style visuel, les caractéristiques narratives de ces films et séries ?
Discuter la place et la popularité du genre policier dans les systèmes de production et de distribution des cinématographies et séries arabes, éventuellement en comparaison avec ceux d’autres pays.
Certains faits divers (« true crime ») ont défrayé la chronique et suscité plusieurs adaptations fictionnelles – cinématographiques, radiophoniques ou télévisuelles – comme l’affaire des deux sœurs Rayya et Sakina (1919-1920), ou, plus récemment, le meurtre de Suzanne Tamim (2008) qui a inspiré nombre de séries télévisées, parmi lesquelles Layali (2009), Ahl Cairo (2010) ou The Nile Hilton Incident. On pourra chercher à éclairer les perceptions de l’événement, sa mise en récit, traiter les passerelles entre fiction criminelle et histoire, ou scruter les contextes sociaux dans lequel ces adaptations s’enracinent.
Analyser les multiples interactions et relations que des films et séries criminels entretiennent avec des œuvres étrangères, les parentés avec le film noir ou les séries policières d’autres pays, les modalités spécifiques de l’investigation ainsi que leur identité transnationale, comme par exemple dans le cas de Grand Hotel (2016) adapté de la série espagnole Gran Hotel, ou Zayy Is-Sams (2017) adapté de l’italien Sorelle.
Étudier de façon croisée des œuvres littéraires criminelles et leurs adaptations filmiques ou télévisuelles. Des réalisateurs comme Salah Abou Sayf ou Tawfiq Saleh se sont inspirés de romans de Naguib Mahfouz ou de Tawfiq El Hakim (Parolin 2021b).
Mettre en lumière le rôle des écrivains et scénaristes dans la création de ces œuvres et dans la perception cumulative d’un genre noir/criminel/policier dans le monde arabe.

Modalités de soumission :
Les chercheurs désireux de soumettre un abstract (en français, anglais ou arabe) sont invités à l’envoyer à l’adresse suivante : regards@usj.edu.lb, avant le 1er septembre 2024.

Le message doit comporter :
Le résumé (abstract) de l’article (approx. 500 mots).
Les Mots-clés.
Une notice bio-bibliographique (approx. 100 mots).
Les abstracts seront examinés par le comité de rédaction, et les auteurs recevront une réponse le 15 septembre 2024.

Comité scientifique :
· Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)
· Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
· Riccardo Bocco, PR (Graduate Institute of International and Development Studies Genève, IHEID, Suisse)
· Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France)
· André Habib, PR (Université de Montréal, Canada)
· Dalia Mostafa, MCF (University of Manchester, Angleterre)
· José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
· Jacqueline Nacache, PR (Université de Paris, France)
· Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
· Kirsten Scheid, Associate PR (American University of Beirut, Liban)

Rédacteur en chef : Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)

Directeurs du dossier thématique : Katia Ghosn (Université Paris 8) – Gianluca Parolin (Aga Khan University) – Benoit Tadié (Université Paris Nanterre).

Références bibliographiques

Ahmed Bedjaoui et Michel Serceau (dir.), Les cinémas arabes et la littérature, Paris, L’Harmattan, collection Images Plurielles, 2019.

Pierre Beylot et Geneviève Sellier (dir.), Les séries policières, Paris, L’Harmattan, 2004.

Luc Boltanski, Énigmes et complots, Paris, Gallimard, 2012.

Raymond Borde et Étienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953) (1955), Paris, Flammarion, 2004.

Denise Brahimi, 50 ans de cinéma maghrébin, Paris, Minerve, 2009.

Ian Cameron (ed.) The Movie Book of Film Noir, Londres, Studio Vista, 1992.

Claude-Michel Cluny, Dictionnaire des nouveaux cinémas arabes, Paris, Sindbad, 1978.

El-Khoury Toufic, Aliénation et déterminisme dans le film noir classique (1944-1949), Paris, L’Harmattan, collection Champs Visuels, 2020.

Jennifer Fay et Justus Nieland, Film Noir. Hard-Boiled Modernity and the Cultures of Globalisation, Londres et New York, Routledge, 2010.

Jane Gaffney, «The Egyptian Cinema: Industry and Art in a Changing Society », in Arab Studies Quarterly, Vol.9, N°1, Belmont, 1987, p. 53-75.

Katia Ghosn et Benoît Tadié (dir.), Le récit policier arabe/Arabic Crime Fiction, Wiesbaden, Harrassowitz verlag, 2021.

Terri Ginsberg and Chris Lippard (eds.), Historical Dictionary: Middle Eastern Cinema, Lanham, Scarecrow Press, 2010.

Nathaniel Greenberg, The Aesthetic of Revolution in the Film and Literature of Naguib Mahfouz (1952-1967), Lanham/Londres, Lexington Books, 2014.

Sebastien Layerle et Monique Martineau-Hennebelle (dir.), « Chroniques de la naissance du cinéma algérien », Collection CinémAction, n° 166, Charles Corlet, 2018.

Berrah Mourry (dir.), « Les cinémas arabes », Éditions Charles Corlet, Collection CinémAction, n° 43, 1987.

Fawzī Nāǧī, Waqāʾiʿ būlīsiyya fī l-sīnimā, Le Caire, GEBO, 2012.

Gianluca Parolin, « Bunyat al-Tahqîq fî ‘Yawmiyyât Nâʾib fî ’l-Aryâf’ Bayna al-Riwâya (1937) wa-l-Fîlm (1969) », in Salmā Mubārak & Walīd al-Ḫaššāb (eds.), al-Iqtibās: Min al-adab ilā al- sīnimā. Maḥaṭṭāt fī tārīḫ muštarak, Le Caire, al-Marāyā, 2021c, p. 141-162.

Thomas Pillard, Le film noir français face aux bouleversements de la France d’après-guerre (1946-1960), Nantes, Éditions Joseph K, 2014.

Samir Saif, Aflām al-ḥaraka fī l-sīnimā al-miṣriyya. 1952-1975, Le Caire, General Egyptian Book Organization, 1970.

Galāl al-Šarqāwī, Risāla fī tārīḫ al-sīnimā al-‛arabiyya, Le Caire, General Egyptian Book organization, 1970.

Alain Silver et Elizabeth Ward (dir.), Film Noir. An Encyclopedic Reference to the American Style (1979), New York, The Overlook Press, 1992.

Dominique Sipière, Le récit dans les séries policières : d’Hercule Poirot à Mentalist, Paris, Arman Colin, 2018.

Yves Thoraval, Regards sur le cinéma égyptien, Beyrouth, Dār al-Mašriq, 1975.

Sue Turnbull, The TV Crime Drama, Edinburgh, Edinburgh University Press, 2014.

Shafik Viola, Arab Cinema. History and Cultural Identity, Le Caire, The American University in Cairo Press, 1998 (2007).

Magda Wassef (dir.), Égypte. 100 ans de cinéma, Paris, Institut du monde arabe, 1995.

Collectif, « al-Sīnimā al-maġribiyya », Maǧallat Āfāq, n° 85-86, Rabat, Manšūrāt Ittiḥād kuttāb al-Maġrib, juin 2014.

 

Appel à contribution Regards no 32 :

‘A Decade of Arts’: Research Papers about Syrian Artistic Production organised by Ettijahat – Independent Culture, in partnership with AFAC – The Arab Fund for Arts and Culture and the Arab Council for the Social Sciences

A Decade of Arts is an open invitation to researchers from Syria and the Arab region to contribute with research papers and studies on art production and projects related to the Syrian context during the past decade.

The purpose of the invitation is to receive research papers from art researchers, artists and art curators from the Arab Region interested in artistic questions related to the Syrian Context. This will hopefully enable art practitioners and creators, to reflect on the major transformations in the Syrian ‘artistic project’ and to learn about some issues pertaining the role of arts and their presence in public life.

Argument

Over the past decade, interest in creative practices has increased significantly in Syria. The creators of these practices sought to address the major issues facing Syria and the Arab region. Their intellectual and creative ventures helped them discover what is ‘new’ on the artistic scene and reflect on certain aspects of the overarching change that is taking place. Their work also enabled them to accompany the course of the revolutions and uprisings in Syria and the Arab region.

Artworks produced during this period have deconstructed and rebuilt language and have positioned politics and public affairs at the heart of their subject matter. They sought to liberate speech and question rules, norms, and the structure of power and its strengths. As these artworks questioned what is considered sacred and absolute, they redefined our perception of public and private, reshaped geography and reconsidered its dimensions, especially in light of the reality of living abroad and the conceptual notion of exile. These artworks were an assault on public decency; they stirred debate about public issues, expanded the margins of expression and allowed for instantaneous reactions to changes around the world.

These artworks were not the product of a single generation’s work. Their production coincided with a widespread interest in liberating digital narration from its old framework and coupling it with social, economic, and humanitarian themes. The result was artworks that spark debate on public liberties, social freedom queer issues and productions that redefine literature and decency.

Year after year throughout this decade, with the accumulation of challenges, arts and creative productions were present in the public debate about the most important entitlements with the return of dictatorships, the increase in areas of oppression, and the attempt of security forces to seize the public space. These artistic productions looked at the phenomena of increased violence, the failure of safety narratives, the weight of lockdowns, the collapse of psychological, health and economic safety organizations, the attempts to seize the revolutions and the paths of the uprisings fraught with fragility and the magnitude of losses.

Today, when we look at artistic production during this decade, we realize that this creative momentum deserves research accompaniment and critical reviews to contemplate some of its conclusions in order to ensure its development and incite the question of what next?

As we look back at 2011 one decade later, we believe that this rich artistic production merits a critical review and a reflection on its dimensions as a first step towards developing it.

We regard questions of artistic production in the Syrian context as a condensed version of questions of cultural and artistic production in the Arab region as a whole, along with the various changes and transformations taking place therein. We look forward to receiving contributions of cultural researchers and practitioners, to better understand the various dimensions of the profound cultural change happening today and to foresee questions related to the future of arts in Syria.

 Research axes (non-exhaustive list)

The role of art as an alternative to dominant and official narratives in the recording of contemporary history

  • Art as a means to engage with issues in public life
  • The concepts of novelty and change in artistic and creative production in the context of Syria
  • Comparative studies between Syrian artistic production and that of the rest of the Arab region

 Submission guidelines

Authors wishing to submit an abstract (in French, English or Arabic) are invited to send it to the following email address before March 30 2024: regards@usj.edu.lb.

Authors should provide the following information:

  • An abstract of the article (approx. 500 words)
  • 5-10 keywords
  • A short, indicative bibliography
  • A mini biography (approx. 100 words)

The abstracts will be examined by the editorial committee, and the authors will receive an answer before April 15. The submission deadline for the final article (approx. 5000 words) will be June 15.

Scientific Committee 

  • Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)
  • Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
  • Riccardo Bocco, PR (Graduate Institute of International and Development Studies Genève, IHEID, Suisse)
  • Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France
  • André Habib, PR (Université de Montréal, Canada)
  • Dalia Mostafa, MCF (University of Manchester, Angleterre
  • José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
  • Jacqueline Nacache, PR (Université de Paris, France)
  • Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
  • Kirsten Scheid, Associate PR (American University of Beirut, Liban)

Editor-in-chief: Joseph Korkmaz PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth)
Issue Editor: Abdullah Alkafri (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)

 Bibliography (indicative, non-exhaustive) 

  • Bin Dharil, Adnan. “Music in Syria: Musical Research and Musical Arts for a Hundred Years” (Damascus: Alif Baa Press, 1963).
  • Ellis, J., 2011. Documentary: Witness and self-revelation. London, UK. Routledge.
  • Foucault, Michel. Technologies of the Self: A Seminar with Michel Foucault. Ed. Luther H. Martin, Huck Gutman, and Patrick H. Hutton. (London, Tavistock publications\ The University of Massachusetts, 1988).
  • Lundberg, Dan, “Singing through the Bars: Prison Songs as Identity Markers and as Cultural Heritage,” trans. Fred Lane, (Stockholm: Svenskt Visarkiv, 2018).
  • Martel, Pierre-Albin, Habib Bourguiba. Un homme, un siècle, (Paris : Éditions du Jaguar 1999), 69.
  • Nichols, B., 1983. The voice of documentary. Film Quarterly. 36, 17-30. 102.
  • Wedeen, L., 1998. Acting “as if”: symbolic politics and social control in Syria. Comparative Studies in Society and History. 40, 503-523.
  • Wedeen, L, Authoritarian Apprehensions: Ideology, Judgment, and Mourning in Syria (Chicago: The University of Chicago Press, 2019); Miriam Cooke, Dancing in Damascus: Creativity, Resilience, and the Syrian Revolution (New York: Routledge 2017).

 

Appel à contribution Regards no 31

Soulèvements et résistances : enjeux contemporains du cinéma et des arts visuels en Iran et à travers la diaspora
Directeurs du dossier thématique : André Habib (Université de Montréal) – Claudia Polledri (Université de Montréal) – Bamchade Pourvali (Université Gustave Eiffel).

Argumentaire
Quels regards porter aujourd’hui sur le cinéma iranien et les arts visuels en relation avec l’Iran alors que le pays connaît un épisode important de soulèvement et de résistance depuis le 16 septembre 2022 ? En effet, comme en 1979, 1999 et 2009 et comme en 2017 et 2018, il ressort des faits que les images jouent un rôle déterminant dans la constitution des événements. Les artistes et les cinéastes iraniens font en effet preuve d’une mobilisation et d’une effervescence exceptionnelles afin de témoigner des protestations en cours, mais aussi de les supporter et de mobiliser l’opinion publique internationale. Qu’ils recueillent les faits ou qu’ils les provoquent, le film, la photographie, le dessin, le clip, les installations éphémères apparues, entre autres, au Metropolitain Museum of Art ou au Guggenheim Museum, sont autant de moyens d’expression relayés par les réseaux sociaux (Tik Tok, Youtube, Twitter, Instagram, Facebook) et deviennent des outils de résistance à part entière.
Certes, l’utilisation de ces images était déjà présente dans les films iraniens depuis une quinzaine d’années pour rendre compte de l’évolution d’une société. De fait, le cinéma iranien depuis les années 2000 a connu de nombreux changements. Les films consacrés à la condition des femmes, les longs métrages contre la peine de mort, la jeune fille comme figure moderne résonnent avec le mouvement actuel de contestation qui a pour mot d’ordre : « Femme, vie, liberté ». L’apparition depuis 2007 d’un cinéma iranien de la diaspora avec Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud s’affirme comme une des originalités du cinéma iranien au présent permettant de parler d’une société transnationale qui se traduit, en parallèle au cinéma, par l’existence de chaînes de télévision à l’étranger. Ces images et ces sons participent à la formation d’une identité iranienne nouvelle dont le contraste avec l’image officielle, imposée par le régime, est de plus en plus conflictuel. On assiste ainsi à une histoire à la fois lente et précipitée. Comment le cinéma iranien a accompagné l’évolution de la société civile ? En quoi celui-ci et les pratiques artistiques contemporaines dialoguent-ils avec les soulèvements passés et leurs représentations ? Comment l’œuvre de restauration de films anciens d’avant ou d’après la révolution de 1979, en plus de favoriser une réflexion sur l’histoire du cinéma, produit-elle un nouvel éclairage sur le passé que les événements en cours réaniment ?
Ce sont ces différents aspects du cinéma et des arts visuels en Iran et ce dialogue entre présent et passé que nous aimerions aborder dans ce numéro de Regards en suivant au plus près la situation du pays et celle des citoyens et des artistes iraniens.

Axes de recherche (liste non-exhaustive)
• État des lieux des pratiques des artistes visuels iraniens (photographie, installation, performance, etc.) entre témoignage et résistance.
• Quelles évolutions dans la représentation des soulèvements iraniens de 1979, 1999, 2009, 2017-2018, 2022-2023 ?
• Le cinéma iranien de la diaspora : exil et lutte continue.
• L’image d’une société à l’intérieur et à l’extérieur : films, séries, émissions de télévision.
• Une image privée partagée (Tik Tok, Instagram, Twitter, Facebook, Youtube).
• La restauration des films d’avant et d’après la révolution de 1979 et leur reprise dans des œuvres contemporaines
• Les nouveaux genres du cinéma iranien : les longs métrages sur la condition des femmes, les films contre la peine de mort, la jeune fille comme figure moderne.

Modalités de soumission
Les chercheurs désireux de soumettre un abstract (en français, anglais ou arabe) sont invités à l’envoyer à l’adresse suivante : regards@usj.edu.lb, avant le 10 juin 2023.

Le message doit comporter :
• Le résumé (abstract) de l’article (approx. 500 mots).
• Les Mots-clés.
• Une notice bio-bibliographique (approx. 100 mots).

Les abstracts seront examinés par le comité de rédaction, et les auteurs recevront une réponse la troisième semaine de juin 2023. Les articles devront être soumis avant le 10 septembre 2023.

Comité scientifique
• Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)
• Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
• Riccardo Bocco, PR (Graduate Institute of International and Development Studies Genève, IHEID, Suisse)
• Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France)
• Dalia Mostafa, MCF (University of Manchester, Angleterre)
• José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
• Jacqueline Nacache, PR (Université de Paris, France)
• Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
• Kirsten Scheid, Associate PR (American University of Beirut, Liban)

Rédacteur en chef : Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Directeurs du dossier thématique: André Habib (Université de Montréal) – Claudia Polledri (Université de Montréal) – Bamchade Pourvali (Université Gustave Eiffel).

Bibliographie (indicative, non-exhaustive)
Ata Ayati et David Rigoulet-Roze, La République islamique d’Iran en crise systémique. Quatre décennies de tourments, « Iran en transition », L’Harmattan, 2022.
Hamid Dabashi, Masters & Masterpieces of Iranian Cinéma, Mage Publishers, Washington DC, 2007.
Anahita Ghabaian Newsha Tavakolian, Iran, année 38. La photographie contemporaine iranienne depuis la révolution de 1979, Ed. Textuel, 2017.
Mamad Haghighat, Frédéric Sabouraud, Histoire du cinema iranien, 1900-1999, “Cinéma du reel”, BPI, Centre Pompidou, 1999.
Parviz Jahed (edited by), Iran, Directory of World Cinema, Volume 10, Intellect Bristol, UK / Chicago, USA, 2012.
Parviz Jahed (edited by), Iran 2, Directory of World Cinéma, Volume 35, Intellect Bristol, UK/Chicago, USA, 2017.
Pamela Karimi, Alternative Iran. Contemporary Art and Critical Spatial Practice, Stanford University Press, 2022.
Michket Krifa, Regards Persans. Iran, une révolution photographique. Paris, Musées, 2001.
Hamid Naficy, A Social History of Iranian Cinema, Volume 1, The Artisanal Era, 1897-1941, Duke University Press, 2011.
Hamid Naficy, A Social History of Iranian Cinema, Volume 2 : The Industrializing Years, 1941-1978, Duke University Press, 2011.
Hamid Naficy, A Social History of Iranian Cinema, Volume 3 : The Islamicate Period, 1978-2010, Duke University Press, 2012.
Hamid Naficy, A Social History of Iranian Cinema, Volume 4, The Globalizing Era, 1984-2010, Duke University Press, 2012.
Shiva Rahbaran, Iranian Cinema Uncensored, Contemporary Film-Makers Since The Islamic Revolution, I. B. Taurus, 2016.
Hamid Reza Sadr, Iranian Cinéma. A Political History, I.B. Tauris, 2006.
Matthias Wittmann, Ute Holl, Counter-Memories in Iranian Cinema, Edinburgh University Press, 2021.

 

Appel à contribution Regards no 30

Bandes sonores de nos vies
Création musicale et musiciens dans le cinéma du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord


Les interactions entre le cinéma et la musique dans les productions audiovisuelles des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sont relativement peu étudiées. Une des raisons relève du fait que la musique occupe souvent une place secondaire dans l’analyse de films. De même, les spécialistes de la musique s’intéressent rarement au cinéma. Néanmoins, un nombre croissant de travaux existent sur la musique en tant que forme de résistance culturelle en période de bouleversements politiques, comme lors des manifestations dans le monde arabe et en Iran, où les voix des icônes musicales du passé ont résonné avec l’humeur révolutionnaire du moment, et que les musiciens sont devenus des symboles contre toute oppression politique.

Argument

Interactions between film and music in the MENA region are relatively understudied, partly because music often takes a subsidiary role in film analysis, while music specialists seldom turn their attention to film. Nevertheless, a growing body of work exists on music as a form of cultural resistance at times of political upheaval, such as during the Arab uprisings and protests in Iran when voices of past musical icons have reverberated with the revolutionary mood and musicians have become symbols against political oppression. The censorship and control of music production and consumption have also received attention. Meanwhile, film scholars have written on the importance of music to the development of movies in the MENA region, musical genres and the participation of singing stars in Egyptian cinema. However, these disciplinary strands are rarely brought together.
This special issue seeks to depart from most other studies through its interdisciplinary focus on the role of music-making and musicians in cinema and other screen media of the MENA region. Firstly, it aims for a sustained engagement with musical performance within film narrative. How does cinema represent the lives of musicians? When musicians act as versions of themselves, sometimes putting their bodies at risk by performing in public, what kinds of ethical and ideological questions are raised, given ideas of moral virtue and gendered rules of public and private space in the Arab-Muslim world which musical performance often challenges? Secondly, how do screen media render music as part of everyday, lived experience, woven into society and culture, becoming ‘the soundtrack of our lives’ during particular eras and helping to form communities of common feeling? How is music used as a means of narrating cultural history and identity? Finally, since music can support the status quo as well as expressing discontent, how do films engage with its different political functions and its role within a global capitalist economy?

 Research axes (non-exhaustive list)

Musical performance and contexts of listening within film narrative, including negotiation of gender roles and rules of private/public space
Screen media’s ability to render music as part of everyday, lived experience and as a generator of communities of common feeling
The use of music as a means of narrating cultural history and identity onscreen
The cinematic representation of music as a site of hegemony and resistance

Submission guidelines

Authors wishing to submit an abstract (in French, English or Arabic) are invited to send it to the following email address: regards@usj.edu.lb
before 20th December 2022.

Authors should provide the following information:

An abstract of the article (approx. 500 words)
5-10 keywords
A short, indicative bibliography
A mini biography (approx. 100 words)
The abstracts will be examined by the editorial committee, and the authors will receive an answer in early January 2023.

Scientific Committee

Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)
Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Riccardo Bocco, PR (Graduate Institute of International and Development Studies Genève, IHEID, Suisse)
Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France)
André Habib, PR (Université de Montréal, Canada)
Dalia Mostafa, MCF (University of Manchester, Angleterre)
José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
Jacqueline Nacache, PR (Université de Paris, France)
Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Kirsten Scheid, Associate PR (American University of Beirut, Liban)

Editor-in-chief: Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Edition Editor: Shohini Chaudhuri, PR (University of Essex, Angleterre)

Bibliography (indicative, non-exhaustive)

Bouzouita, Kerim, “Music of Dissent and Revolution”, Middle East Critique, Vol. 22, No. 3 (2013), pp. 281-292.
Breyley, G.J. and Sasan Fatemi, Iranian Music and Popular Entertainment: From Motrebi to Losanjelesi and Beyond, Abingdon: Routledge, 2016.
Chion, Michel, La musique au cinéma, Paris : Fayard, 2019.
Dickinson, Kay (ed.), Movie Music: The Film Reader, London: Routledge, 2003.
Dickinson, Kay, “Re-citation and Resuscitation from the Archives of Arab Revolution”, Screen, Vol. 60, No. 1 (2019), pp. 46-69.
Frischkopf, Michael (ed.), Music and Media in the Arab World, Cairo: American University of Cairo Press, 2010.
Gil-Curiel, Germán (ed.), Film Music in “Minor” National Cinemas, London: Bloomsbury, 2016.
Guglielmetti, Yohann, Musique et cinema, l’union libre, Paris : L’Harmattan, « Champs visuels », 2020.
El Hamamsy, Walid and Mounira Soliman (eds), Popular Culture in the Middle East and North Africa: A Postcolonial Outlook, New York: Routledge, 2012.
Laachir,‎ Karima and Saeed Talajooy (eds), Resistance in Contemporary Middle Eastern Cultures: Literature, Cinema and Music, New York: Routledge, 2013.
Lohman, Laura, Umm Kulthum: Artistic Agency and the Shaping of an Arab Legend, 1967–2007, Middletown: Wesleyan University Press, 2010.
Rad, Assal, Politics, Culture and Identity in Modern Iran, Cambridge: Cambridge University Press, 2022.
Shafik, Viola, Arab Cinema: History and Cultural identity, Cairo: American University in Cairo Press, 2016.
Tawil-Souri, Helga, “The Necessary Politics of Palestinian Cultural Studies” in Tarik Sabry (ed.), Arab Cultural Studies: Mapping the Field, London: I.B. Tauris, 2011.
Valassopoulos, Anastasia and Dalia Said Mostafa, “Popular Protest Music and the 2011 Egyptian Revolution”, Popular Music and Society, Vol. 37, No. 5 (2012), pp. 638-659.

« Soundtracks of Our Lives », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, November 03, 2022

 

Appel à contribution Regards no 29


Quel avenir pour le théâtre dans le monde arabe ? Pratiques, formes et perspectives de la pérennisation du courant théâtral dans le monde arabe
Date de tombée (deadline) : 15 Juin 2022

Argumentaire

La dimension éphémère du théâtre est souvent considérée comme un obstacle pour rendre compte de toute représentation passée (Denizot 2014) et donc pour écrire l’histoire d’une pratique dont on ne peut saisir la réalité qu’en envisageant tous les moments du processus de création. Elle n’en représente pas moins une difficulté pour s’interroger sur son futur. Sans chercher à prédire l’avenir, ce dossier thématique souhaite questionner les effets de durabilité et les procédés qui participent à la pérennisation du mouvement théâtral dans le monde arabe. À partir d’un état des lieux de la production théâtrale à la période contemporaine, la question qui guidera cette publication est celle des éléments qui contribuent à son inscription dans le temps à venir et, en d’autres termes, ceux qui défient la mesure du temps et de l’instant spécifiques à la pratique théâtrale.

Axes de recherche

Les propositions pourront s’articuler autour des axes suivants :

– Les conditions de production :
Sur des territoires en conflit, difficiles à pratiquer et où l’espace public tend à disparaître lorsqu’il ne représente pas un danger, la pratique théâtrale se maintient de façon difficile et précaire. Dans quels contextes se déploie la pratique théâtrale arabe à la période contemporaine ? Quelles sont les contraintes ? Comment les artistes s’emparent-ils des contraintes du monde qui les entoure ? Des stratégies sont-elles mises en place pour les dépasser? De quelle(s) nature(s) sont-elles ? Quelles en sont les conséquences formelles ? Dans ces contextes, comment s’exprime l’engagement politique dans les productions ?

– Les archives :
Alors que les archives du spectacle vivant suscitent un « engouement » (Denizot 2014) chez les artistes et les chercheurs européens depuis près d’une dizaine d’années, quelle est la place des archives dans la production théâtrale arabe ? Quelle part leur est faite par les artistes ? Ont-elles une place dans les productions ? Dans les institutions ? Dans les études ? Quelles sont les initiatives pour fabriquer des archives du spectacle vivant ?

– Les circulations et la réception :
Comment les productions circulent-elles ? Peut-on identifier des phénomènes de circulations aux différentes échelles nationales, intra-régionales et extra-régionales ? Quels sont les éléments qui contribuent à la circulation des productions ? Existe-t-il des phénomènes d’intertextualité et contribuent-ils à la circulation des productions ? Quelle est la place de la publication et de la traduction des œuvres dans leur circulation ? Comment mesurer la réception des productions ? Cherchent-elles à répondre à des attentes des publics ou des injonctions institutionnelles ?

– La place de la production en exil et en diaspora :
Les événements politiques dont les pays arabes sont témoins à la période contemporaine, accrus par « les printemps arabes », ont fait émerger un courant de production théâtrale en exil qui s’ajoute à celui issu des diasporas de populations. Les conditions de la production théâtrale en exil ont suscité l’intérêt des études. Sur le plan artistique, comment la production théâtrale se déploie-t-elle en exil ? Sous quelles modalités ? Des formes spécifiques émergent-elles dans ces conditions ? Quelles sont les ruptures et les continuités avec les productions des foyers de création d’origine ?

– Les pratiques artistiques et la scène :
Les productions théâtrales se nourrissent d’autres pratiques artistiques pour proposer des innovations formelles. Quelles sont les liens entre la pratique théâtrale arabe contemporaine et les autres pratiques artistiques ? Comment d’autres pratiques artistiques participent-elles à l’élaboration d’un langage scénique propre à chaque pièce ? À l’inverse, quelle place occupe la performance dans les autres pratiques artistiques, notamment les arts visuels ?

– Les pratiques de recherche :
En études théâtrales et en études arabes, le renouvellement des pratiques de recherche et des approches font émerger de nouveaux savoirs sur le théâtre arabe. Elles participent à la construction de l’objet théâtre autrement. Qu’est-ce que la recherche peut apporter à la pérennisation du courant théâtral ? Comment la recherche participe-t-elle à la construction du répertoire théâtral arabe ? Quels sont les effets d’autorité que les travaux scientifiques peuvent-ils générer ?

Les propositions pourront aborder d’autres axes. L’ambition de cette publication est de rassembler des études à partir d’approches variées pour construire une réflexion collective. Des contributions à plusieurs voix et avec des artistes seront également étudiées avec grand intérêt.

Modalités de soumission
Les chercheurs désireux de soumettre un abstract (en français, anglais ou arabe) sont invités à l’envoyer à l’adresse suivante : regards@usj.edu.lb, avant le 15 juin 2022.

Le message doit comporter :
Le résumé (abstract) de l’article (approx. 500 mots).
Les Mots-clés.
Une notice bio-bibliographique (approx. 100 mots).
Les abstracts seront examinés par le comité de rédaction, et les auteurs recevront une réponse avant le 30 juin 2022.

Comité scientifique

Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)
Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Riccardo Bocco, PR (Graduate Institute of International and Development Studies Genève, IHEID, Suisse)
Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France)
André Habib, PR (Université de Montréal, Canada)
Dalia Mostafa, MCF (University of Manchester, Angleterre)
José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
Jacqueline Nacache, PR (Université de Paris, France)
Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Kirsten Scheid, Associate PR (American University of Beirut, Liban)


Rédacteur en chef : Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Directrice du dossier thématique : Najla Nakhlé-Cerruti (INALCO, France)

Bibliographie indicative et non exhaustive

Sophie Brones et Amin Moghadam, « Beyrouth-Dubaï. Circulations culturelles et nouvelles formes d’urbanité », Géographie et cultures, 97, 2016, p. 113-138.
Assaf Dahda et Nicolas Puig (dir.), Exils syriens : parcours et ancrages (Liban, Turquie, Europe), Lyon, Le passager clandestin, 2018.
Marion Denizot, « L’engouement pour les archives du spectacle vivant », Écrire l’histoire, 13-14, 2014, p. 88-101 et http://journals.openedition.org/elh/475
Pauline Donizeau, Yassaman Khajehi et Najla Nakhlé-Cerruti (dir.), « Scènes politiques contemporaines au Proche et Moyen-Orient », Théâtre/Public, 233, 2019.
Simon Dubois, “Renegotiating artistic identity in exile: the making of a syrian creativelandscape in Berlin”, in Eva Blaute and Antonia Blau (eds) An artist who happens to be from Syria, Goethe-Institut, p. 19-39.
Ma’sud Hamdan, Poetics, Politics and protest in Arab theatre : the bitter cup and the holy rain, Sussez Academin Press, Brighton – Portland, 2006.
Richard Jacquemond et Felix Lang (dir.), Culture and Crisis in the Arab World, London, IB Tauris, 2018.
Yana Merzon, « Theatre in Exile: Defining the Field as Performing Odyssey », Critical Stages/Scènes critiques, 5, 2011.
Najla Nakhlé-Cerruti, « L’apport du Fonds François Abou Salem à la connaissance des débuts de la pratique théâtrale palestinienne dans les années 1970 », Arabica, 67/5-6, 2020, p. 611-629
Collectif Poolpe, « Manifeste de Jérusalem : Pour une approche décoloniale du théâtre (en) arabe », Les Carnets de l’Ifpo. La recherche en train de se faire à l’Institut français du Proche-Orient, https://ifpo.hypotheses.org/10233, le 06 avril 2020. [En ligne sur hypotheses.org]
Azadeh Sharifi, “Theatre and Migration Documentation, Influences and Perspectives in European Theatre”, Manfred Brauneck et ITI Germany (dir.), Independent Theatre in Contemporary Europe: Structures – Aesthetics – Cultural Policy, Bielefeld, transcript Verlag, 2017, p. 321-415.

باشا، عبيدو " هكذا، إنقلاب التغيير على أبطال التغيير في المسرح : دراسة"، دار الآداب، بيروت، 2010

الداديسي، الكبير، " تحليل الخطاب السردي والمسرحي : دراسة تطبيقية"، دار الراية للنشر والتوزيع، عمان، 2014

حمادي، وطفاء، "الخطاب المسرحي في العالم العربي، 1990-2006 : إشكاليات وقضايا"، المركز الثقافي العربي، الدار البيضاء : بيروت، 2007

العبد العالي، إيناس عادل عمر،" مسرح اللامعقول وتطبيقاته في المسرحية العربية المعاصرة"، أفكار للدراسات والنشر والتوزيع، دمشق، 2017

العساس، سميحة، "بلاغة الخطاب المسرحي"،  جسور للنشر والتوزيع، الجزائر، 2017

عساف، روجيه، "المسرحة : أقنعة المدينة"، دار المثلث للتصميم والطباعة والنشر، بيروت، 1984

عساف، روجيه، "سيرة المسرح أعلام وأعمال. جدول تاريخي للمسرحيين والمسرحيّات"، دار الآداب، بيروت، 2009-2015 

كرم، رئيف، "كتابات على متن المسرح وهامشه"، بيروت، دار الفرابي، 2010

 

« Quel avenir pour le théâtre dans le monde arabe ? » Appel à contribution, Fabula, publié le 05 Mai 2022

 

 

Appel à contribution Regards no 28


Où est le spirituel ? Repenser l’héritage de la sécularisation dans l’art post-ottoman
Whither the Spiritual? Rethinking Secularism’s Legacy in post-Ottoman Art

Published on Tuesday, November 02, 2021

Ce dossier examine – et conteste – les implications de l’inclinaison séculière de l’histoire de l’art – ce que Shaw a appelé une dépendance excessive aux « idées de visualité d’origine chrétienne » – sur l’étude de l’art moderne et contemporain du Moyen-Orient. Il vise à examiner ce que les nouvelles explorations dans ce domaine peuvent offrir pour repenser à la fois l’histoire de l’art et la relation de la spiritualité à l’argument et à l’expérience empiriques en tant que pierres angulaires de la modernité dans une modalité occidentale.

Argument

This dossier examines—and challenges—the implications of art history’s secular tilt—what Shaw has called an over-reliance on “Christian-based ideas of visuality” - on the study of modern and contemporary art from the Middle East. It aims to consider what new explorations in this field can offer for rethinking both art history and spirituality’s relationship to empirical argument and experience as cornerstones of modernity in a western modality.

Critical art historians, inspired by Edward Said’s study of Orientalism, have identified the idiosyncratic tropes and criteria by which a certain epistemology of “Islamic art” operated as the foundational outsider for establishing Western, modern art. The presumed formalism, aniconism, and lack of dynamism in so-called Islamic Art were brought into view only to emphasize their opposites in “Western art,” and worked as well to exclude vast swathes of material cultural produced in the “Islamic world,” all of which thereby earned the designation “non-art.” Two trends have developed: the one using art to produce “an appropriate model of Islam itself” (Flood 2007, 43); the other, in line with Christian rejection of Islam as a “failed religion,” pursues a “decidedly not religious” study that has “shunned religion as an ontological category” entirely (Rabbat, 2012, 4). Even Muslim Islamic art historians have segregated the artistic and intellectual spheres of the worlds they study, treating art as either the irrational expression of established doctrinal truths or anti-symbolic decoration (c.f., Watenpaugh, 2017, 1228; Flood and Necipoglu, 2017, 20; Shaw 2019, 22-30).

Significantly for our purposes, current codifications of what constitutes Islam coincide not only with both the art historical inauguration of the field of “Islamic Art and Architecture,” but also the decolonizing explorations by artists now (intermittently) recognized for their contributions to global modernism, including, for example, Saloua Rouada Choucair, Ibrahim El-Salahi, Choukri Mesli, Fateh Moudarres, Jewad Selim, Monir Shahroudy Farmanfarmaian, Shakir Hassan al-Said, Behjat Sadr, Kamela Ishaq, Charles Hossein Zenderoudi, Safeya Binzagr, to name just a few. While their work evinces and propagates a concern for spirituality, this aspect of their production has been alternatively escalated as proof of authenticity (and so rendered insignificant) or put to the side because to really address it risks falling out of alignment with the dominant norms of “modernity.” If conventional Islamic art history seems to demand tracing its canonical objects to the stunde null, or zero hour, of the religion’s prophetic articulation, we argue that the events leading up to the colonization and decolonization of the countries fostering these artists, including the abdication of the Caliphate, culminated in a similar stunde null in which nothing about their religion could be simply inherited or assumed (Shalem, 2012, 6). These artists, it might therefore be suggested, helped unfurl “Islam as a discursive tradition,” to borrow Talal Asad’s articulation for the varying integrations of moral selves, population management, and knowledge channels (Asad, 2009, 10). Given the novelty of this understanding of Islam, these artists’ forays help contemporary readers grasp “the importance of being Islamic,” as Shahab Ahmed puts it, for art today (Aydin, 2017; Ahmed, 2017). What Christine Ho has found for “socialist realism” as a label applies to the ongoing unfolding of “Islamic art,” especially as it appears or is imagined in a modern idiom: no self-evidence presets the category, and artists make their art, audiences, and selves consubstantially (Ho, 2016, 352).

In this dossier, we turn then to look carefully at claims and experiments in modern and contemporary practices of Islam as they are conducted through what we are calling art acts, and by which we invite contributors to understand as the intersectional, durational interactions between art works, their material supports, their circulation, their makers (and their biographies), and their reception. Such interactions all trigger new imaginations and productions, be they of self, society, space, or spirit.

We seek therefore articles, provocations, and conjectural accounts that address any aspect of this historiography or artistic production. We are especially interested in readings that address nondenominational piety, the juncture of ethics and religiosity in material forms, cosmology, the ontologies of humanity and nature, spiritual conversion, traveling piety, and colonial relations and institutions alongside their decolonial and contemporary manifestations. We are not interested in revivifying debates about whether or not modern or contemporary art from places where Islam is a dominant religion is therefore “Islamic,” and can only be studied through the lens of Islam; these seem to have produced limited results and essentialized both art and Islam. Rather, we are looking for papers that grapple with the facts of these intersections, their consequences, their relationship to historical, cultural, and socioeconomic relations. Our hope is that exploring artistic experiments themselves will allow us to re-historicize both Islamic concepts and the corresponding, conjoined conceptualizations of Islam and art. To the degree that art constitutes a form of local knowledge, as Nasser Rabbat has suggested, case-based, ethnographic and art historical examinations of that knowledge in action, stands to restore a sense of liveliness and stakes in cultural creativity (Rabbat, 2021, 49; e.g. Zitzewitz, 2017; George, 2010). This is what we hope to return to thinking about spirituality and religion in and through artist production.

Research axis (non-exhaustive list)

Readings regarding: Nondenominational piety, traveling piety…
The juncture of ethics and religiosity in material forms.
Cosmology, the ontologies of humanity and nature, spiritual conversion.
Colonial relations and institutions alongside their decolonial and contemporary manifestations.
Islamic concepts and the corresponding conjoined conceptualizations of Islam and art.
Ethnographic and historical examinations of local knowledge of art.
New approaches to Islamic concepts and to the relation of Islam and Art.

Submission guidelines
Authors wishing to submit an abstract (in French, English or Arabic) are invited to send it to the following address:

regards@usj.edu.lb
Before Wednesday November 24th 2021.

 Authors should provide the following information:

An abstract of the article (approx. 500 words).
Key words
A mini bio-bibliography (approx. 100 words).
The abstracts will be examined by the editorial committee, and the authors will receive an answer before November 29th 2021.

 Scientific Committee

Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)
Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Riccardo Bocco, PR (Graduate Institute of International and Development Studies Genève, IHEID, Suisse)
Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France)
André Habib, PR (Université de Montréal, Canada)
Dalia Mostafa, MCF (University of Manchester, Angleterre)
José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
Jacqueline Nacache, PR (Université de Paris, France)
Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Kirsten Scheid, Associate PR (American University of Beirut, Liban)

Editor-in-chief: Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Edition editor: Kirsten Scheid, PR (American University of Beirut), Hannah Feldman, Associate PR (Northwestern University).

« Whither the Spiritual? Rethinking Secularism’s Legacy in post-Ottoman Art », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, November 02, 2021

 

 

 

Appel à contribution Regards no 27

Le cinéma militant dans le monde arabe (des années 1960 à nos jours)

Présentation
La région du Proche et du Moyen-Orient a été depuis la fin de la Seconde guerre mondiale le théâtre de conflits incessants qui ont nourri et reflété les tensions entre les grandes puissances durant et après la Guerre froide. Le conflit israélo-palestinien est le premier à générer et à concentrer les tensions politiques, idéologiques et sociales liées aux bouleversements de la région, où la caméra-coup de poing s’est substituée à la réalité lénifiante et anesthésiante des films à grand public qui se multipliaient durant la même période dans les cinémas des pays arabes.
Le second conflit est manifeste dans la révolution algérienne qui sert de modèle aux cinématographies arabes à venir. Ainsi La Bataille d’Alger (1966) du cinéaste italien communiste Gillo Pontecorvo s’est fait avec l’appui officiel du FLN au pouvoir. Plus tard, Chronique des années de braise de Mohammad Lakhdar-Hamina remporte la Palme d’Or du festival de Cannes en 1975. Après la défaite des armées arabes dans la guerre des Six jours (5-11 juin 1967), L’OLP crée une Unité Cinéma pour promouvoir la cause palestinienne. Des films sont produits dans différents pays arabes, dont le Liban, ceux notamment de Christian Ghazi, Gary Garabédian, Rida Myassar, Antoine Rémy, Rafic Hajjar...). De même, la guerre civile libanaise (1975-1990) voit naître une nouvelle génération de cinéastes conscients des réalités et des enjeux politiques locaux et régionaux (Maroun Baghdadi, Borhane Alaouié, Jean Chamoun, Jocelyne Saab, Randa Chahal...). Œuvrant dans des cadres fictionnels et documentaires, ces cinéastes oscillent entre un engagement politique marqué à gauche et un constat plus neutre et objectif des faits. De l’autre côté de la Méditerranée, des cinéastes égyptiens (Tawfic Saleh, Youssef Chahine, Yousry Nasrallah...) militent à leur tour en dénonçant le colonialisme et le défaitisme des peuples arabes face à Israël. Leur constat et leurs interrogations trouvent un écho dans les décennies suivantes. De même, les femmes réalisatrices, qu’elles soient palestiniennes, libanaises, syriennes, saoudiennes ou autres, sont au premier plan du cinéma militant dans l’ensemble de la région, faisant face, comme leurs confrères, à la montée des périls et aux convulsions déstabilisatrices.
Qu’en est-il donc du cinéma militant ? Ses objectifs et ses modalités sont-ils les mêmes eu égard aux données politiques et sociales du moment ? Que signifie donc, aujourd’hui le militantisme et l’engagement au cinéma, dans une région qui connait depuis une décennie de multiples mouvements révolutionnaires, qui engagent autant de ferveur que de désillusion, face à la réalité violente et âpre qui met en doute l’espoir de changement ?

Axes

Le cinéma militant palestinien et son inscription dans le cinéma tiers-mondiste des années 1970 et 1980.
Les films de la Guerre civile libanaise entre engagement et contestation.
La guerre d’Algérie : modèle et influence.
La dénonciation du défaitisme arabe dans le cinéma égyptien.
Le documentaire comme arme de propagande et de combat.
Le cinéma de la diaspora palestinienne.
La représentation de la guerre civile.
Cinéma et révolution.

 Propositions

Les chercheurs désireux de soumettre un abstract (en français, anglais ou arabe) sont invités à l’envoyer à l’adresse suivante : regards@usj.edu.lb, avant le lundi 21 juin 2021.

 Le message doit comporter :
Le résumé (abstract) de l’article (approx. 500 mots).
Les Mots-clés.
Une notice bio-bibliographique (approx. 100 mots).

Les abstracts seront examinés par le comité de rédaction, et les auteurs recevront une réponse avant le 30 juin 2021.


Comité scientifique

Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)
Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Riccardo Bocco, PR (Graduate Institute of International and Development Studies Genève, IHEID, Suisse)
Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France)
André Habib, PR (Université de Montréal, Canada)
Dalia Mostafa, MCF (University of Manchester, Angleterre)
José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
Jacqueline Nacache, PR (Université de Paris, France)
Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Kirsten Scheid, Associate PR (American University of Beirut, Liban)

Rédacteur en chef : Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Directeur du dossier thématique : Joseph Korkmaz, PR émérite (Université Saint-Joseph de Beyrouth)

« Le cinéma militant dans le monde arabe » Appel à contribution, Fabula, publié 16 avril 2021

 

 

Appel à contribution Regards no 26

À la recherche des archives perdues du cinéma arabe
Locating the Lost Archive of Arab Cinema

Published on Wednesday, December 16, 2020

Le dossier thématique du numéro 26 de la revue Regards – revue des arts du spectacle abordera la manière dont la perception des cinémas arabes pourrait être modifiée si le problème des archives perdues des cinématographies arabes était soulevé. Des films libanais réalisés avant 1975 aux cinémas d’Iraq, du Yémen, de Palestine, du Soudan ou d’ailleurs, il y a plusieurs causes qui ont mené à la perte des films et de leurs traces dans l’Histoire : les causes environnementales et structurelles ; le manque d’investissement dans des moyens appropriés de stockage, de préservation et de maintenance.

 Argument

This special issue asks how our histories of Arab cinema might change if we tackle the problem of Arab cinema’s lost archive(s). From most of the films made in Lebanon prior to 1975 to the cinemas of Iraq, Yemen, Palestine, Sudan, and elsewhere, there are many reasons why films and their histories may have been lost to current memory. From structural and environmental issues and the lack of investment in proper storage facilities and maintenance, to films lost to censorship and forgotten in the ravages of conflicts and time as they fell out of fashion or did not find distribution circuits; or, indeed, found them only on ephemeral channels, like now-defunct TV stations or fleetingly-lived digital sites. While, as Jacques Derrida wrote, the archive conveys both structures of power and gatekeeping, it also gestures to a space – perhaps online – where the materials of the past are collected. Yet, despite and with awareness of these structural limitations at the intersections of power and knowledge, archives remain crucial to our ability to research and develop sophisticated narratives of the past. A dearth of official and unofficial well-maintained film archives across the Arab world compounds our ability to understand the cinematic past.
The October 2021 special issue of Regards - revue des arts du spectacle (Université Saint-Joseph de Beyrouth) solicits articles on the problematics of writing cinema history sometimes without the films themselves, and often without archives. Building on scholarship by film scholars like Allyson Nadia Field (Uplift Cinema, Duke University Press, 2015), contributors are invited to submit scholarly pieces on topics that include, but are not limited to:
Archiving film history in the Arab Middle East
Formal and Informal Archives
Studying cinema without films
Digitization and the archive
Histories and geographies of cinemas and cinema-going
Histories of film-watching outside of cinemas
Writing alternate film histories: The popular press and Arab cinema in its early decades
What is a minor cinema?
The forgotten genres of Arab cinema

Submission guidelines

Authors wishing to submit an abstract (in French, English or Arabic) are invited to send it to the following address: regards@usj.edu.lb.
Before January 15, 2021.

Authors should provide the following information:
An abstract of the article (approx. 500 words).
A mini bio-bibliography (approx. 100 words).
The abstracts will be examined by the editorial committee, and the authors will receive an answer before January 30, 2021.

Scientific Committee

Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)
Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Riccardo Bocco, PR (Graduate Institute of International and Development Studies Genève, IHEID, Suisse)
Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France)
André Habib, PR (Université de Montréal, Canada)
Dalia Mostafa, MCF (University of Manchester, Angleterre)
José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
Jacqueline Nacache, PR (Université de Paris, France)
Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Kirsten Scheid, Associate PR (American University of Beirut, Liban)

Editor-in-chief: Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Edition editor: Ghenwa Hayek, Associate PR (University of Chicago, États-Unis)

« Locating the Lost Archive of Arab Cinema », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, December 16, 2020

 

Appel à contribution Regards no 25

L’adaptation de la littérature au cinéma égyptien : nouvelles perspectives

Dans la diversité des rapports entre littérature et cinémas arabes, l’adaptation est un phénomène majeur. À cause d’une longue histoire commencée en 1896, d’une industrie nationale solide née au début des années 30, et d’un vaste marché rentabilisant l’exploitation cinématographique, le septième art égyptien s’est largement diffusé dans tout l’espace arabophone. L’adaptation de la littérature a joué un rôle considérable dans l'expansion de ce cinéma, avec un grand nombre d’adaptations d’œuvres et de motifs littéraires d’origines arabes ou occidentales.

Comment le dialogue entre le cinéma égyptien et ses littératures s’est-il engagé ? Et quel rôle a joué l’adaptation dans ces échanges ?

La recherche contemporaine sur l’adaptation n’est plus prisonnière de la question de fidélité du film à son origine littéraire et de ses critères normatifs. L’adaptation est considérée moins comme une traduction des mots en images qu’une création engagée avec un matériau différent. Cette approche sémiotique informe les travaux de Christian Metz et de Francis Vanoye, par exemple, qui se penchent sur le caractère propre des systèmes de signification littéraires et cinématographiques. Ainsi, le sens produit par le mot écrit est forcément différent du sens produit par la conjugaison du mot, du son et de l’image réunis dans le film. Aussi les études sur l’adaptation se concentrent-elles sur l’analyse des transformations sémiotiques que subit un film comparé à son origine littéraire.
De nouvelles approches de l’adaptation envisagent cette pratique comme un phénomène de réécriture : le film, comme palimpseste, se pose sur l’œuvre littéraire pour écrire dessus, retracer ses contours, remplir ses vides, nuancer ses lignes. Dans cette vision propulsée par Marie-Claire Ropars-Wuilleumier, les rapports entre œuvre littéraire et film sont saisis en termes d’intertextualité. Une autre approche est proposée par Michel Serceau qui considère l’adaptation comme un mode de réception et une opération de transfert culturel. Le film devient une lecture/interprétation de l’œuvre littéraire.

 1- Adapter, égyptianiser, moderniser :
L’adaptation au début du XXe siècle est l’un des modèles de transfert de la modernité adoptés par le monde arabe. Adapter les œuvres littéraires occidentales au cinéma dès les années 30, était une garantie de la valeur esthétique et une caution confirmant la modernité, le réalisme et la crédibilité éthique et sociale d’un film.
Entre 1930 et 1950, le cinéma égyptien recourait essentiellement aux sources anglophones et françaises, quand il adaptait des œuvres littéraires, sans compter les cas où les cinéastes s’inspiraient seulement de ces sources-là. Depuis 1960, la plupart des films égyptiens adaptés de sources étrangères sont tirés de films américains. Ce schéma reflète sans doute l’évolution de l’hégémonie culturelle occidentale sur l’Égypte. Par ailleurs, la baisse de l’influence des sources littéraires occidentales sur les adaptations égyptiennes est également due à l’augmentation d’adaptations cinématographiques de romans égyptiens depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

– Une poétique de l’adaptation est-elle possible ? Comment comprendre les altérations du sens, l’intertextualité, les effets du changement de système sémiotiques d’un médium à l’autre dans l’adaptation et le remake ?
– Quels sont les effets culturels engendrés l’adaptation ? Celle-ci est-elle un transfert qui opère une appropriation de récits occidentaux et des valeurs socio-culturelles de la modernité ?
– Dans la perspective d’études d’adaptations comparées, quelles sont les fortunes des œuvres littéraires égyptiennes et occidentales adaptées par le cinéma égyptien et comment celui-ci produit-il du sens à partir de la littérature ?

2- Réalisme et cinéma :
Depuis la révolution républicaine de 1952, l’influence de la littérature occidentale sur le cinéma égyptien s’est affaiblie, cédant la place à la littérature arabe.  Il était largement admis que le cinéma s’approche davantage du réalisme et devienne de qualité artistique et culturelle supérieures, à mesure qu’il s’appuie sur la littérature ‘nationale’. Mais dès 1980, la littérature - qu’elle fût occidentale ou arabe - a perdu son influence comme source du cinéma égyptien. Le phénomène accompagnait la montée du discours sur le réalisme cinématographique comme engagement direct avec le ‘réel’ sans la médiation de la littérature.

– La médiation par la littérature réaliste pour produire un réalisme cinématographique permet-elle de mieux saisir le réel, ou produit-elle un genre artistique distinct dit « réalisme » ?
– Comment se déploie l’adaptation comme phénomène transmédiatique : du roman, au théâtre, à l’écran (cinématographique ou télévisuel) ? Comment la télévision donne-t-elle une nouvelle vie à des romans non commerciaux, tels que ceux de Sonallah Ibrahim ?

3- Cinéma d’auteur et nouveaux romans

Avec les années 1970 et 1980 surviennent de nouvelles générations d’écrivains et de cinéastes rebelles, révoltés contre les traditions littéraires et cinématographiques et ouverts à l’expérimentation. L’émergence d’une littérature nouvelle est parallèle à celle d’un cinéma d’auteur qui se détourne de l’adaptation et cherche à acquérir un statut artistique indépendant. Les cinéastes créent de nouveaux modèles d’adaptation pour pallier les difficultés que pose la transposition à l’écran d’œuvres romanesques qui mettent en crise le récit et contestent les valeurs admises et les discours dominants.
Les années 1990 et 2000 témoignent d’une transformation de la scène littéraire. Désormais les romans cultivent les effets émotionnels et retournent à une écriture du plaisir. Ainsi, les romans bestellers passent à l’écran et rencontrent de grands succès publics et internationaux. Dans cet ensemble, l’adaptation semble vouloir exploiter un mouvement littéraire de bestseller où films et romans interagissent dans des processus complexes de concurrence et parfois de complémentarité qui abolissent les visions hiérarchiques les ayant souvent séparés.
– Comment l’adaptation s’accommode-t-elle de la loi du marché : le bestseller littéraire et le star-système déterminent-ils la forme et l’effet de l’adaptation ? Quel effet sur le cinéma ont-eu les romans populaires les mieux vendus ?
– Historiquement, cette loi a-t-elle favorisé l’adaptation de certains auteurs plutôt que d’autres au cinéma, comme à la télévision ?

Modalités de soumission
Les chercheurs désireux de soumettre un article (en français, anglais ou arabe) sont invités à l’envoyer à l’adresse suivante : regards@usj.edu.lb, avant le 20 novembre 2020.
Le message doit comporter
 :
Le résumé (abstract) de l’article (approx. 500 mots).
Les Mots-clés.
L’article (approx. 4000-4500 mots)
Une notice bio-bibliographique (approx. 100 mots).
Les articles seront examinés par le comité de rédaction, et les auteurs recevront une réponse avant le 30 décembre 2020.

Comité scientifique
La revue Regards est dotée d’un comité scientifique tournant, nommé pour trois ans, ainsi que d’un comité de lecture international. Le comité scientifique est composé des membres suivants :

Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)
Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Riccardo Bocco, PR (Graduate Institute of International and Development Studies Genève, IHEID, Suisse)
Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France)
André Habib, PR (Université de Montréal, Canada)
Dalia Mostafa, MCF (University of Manchester, Angleterre)
José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
Jacqueline Nacache, PR (Université Paris Diderot – Paris 7, France)
Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Kirsten Scheid, Associate PR (American University of Beirut, Liban)


Rédacteur en chef : Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Directeurs du dossier thématique : Walid El Khachab (Université York / Toronto) Salma Mobarak (Université du Caire)

« L’adaptation de la littérature au cinéma égyptien : nouvelles perspectives » Appel à contribution, Fabula, publié le 16 septembre 2020

 

 

Appel à contribution Regards no 24

Formes narratives et coproduction dans les cinémas du monde arabe
Normes, contraintes et libertés

Narrative forms and co-production in Arab cinemas
Norms, constraints, and margins of freedom

Published on Monday, November 25, 2019

Les industries cinématographiques arabes sont en général peu développées. Les pays arabes restent donc souvent dépendants des fonds d’aide à la production internationaux, en particulier européens. Cette dépendance place les producteurs, les scénaristes et les réalisateurs arabes dans une position subalterne par rapport aux producteurs et financeurs européens dont les attentes à la fois au niveau des contenus des films et de leurs formes narratives et esthétiques finissent par fortement influencer le processus de création. D’un autre côté, des espaces de libertés et de résistance peuvent également être créés au sein de ce système. L’objectif de ce numéro de la revue Regards est d’interroger la relation complexe entre les cinématographies arabes et les fonds d’aide internationaux.

Argument

Film industry in the Arab world remains underdeveloped, despite the success of some contemporary Arab films and the emergence of new film festivals in the Arab world. With the exception of few examples such as Egypt and, to a certain extent, Morocco, who were able to develop local production systems, Arab countries still depend on international film support funds, mainly European. This puts Arab producers, scriptwriters and filmmakers in a subaltern position in relation to European producers and funders, whose expectations in terms of content, narrative and aesthetic forms end up strongly impacting the film creation process.

One of the aims of this edition of Regards is to address the impact of European film funds on the co-funded films. How does this impact take place? How and to what extent do Arab filmmakers, scriptwriters and producers actually comply with pre-defined norms and constraints? Moreover, to what extent can locally produced films also be influenced by this power relation, through a mechanism of imitation for example, or as a way to obtain international recognition?

On the other hand, a margin of freedom can emerge within this system. In fact, the coproduction system can offer to the Arab creators a space of expression free from state censorship which is usually exerted more strictly on locally produced films. Also, some filmmakers manage to find a certain compromise and to create film forms that go against norms usually imposed by hegemonic systems. This edition will also address the mechanism through which these margins of freedom can be created.

Finally, some filmmakers choose to break with the system, and opt for alternative modes of production (crowdfunding, auto-financing, film cooperatives, etc.), or for other forms of cinematic practices like experimental cinema or video installations. This edition of Regards also aims at shedding light on these alternative practices of cinema in the Arab world.

Authors can choose one or more topics among the ones suggested below:

Economy of Arab cinemas (funding, markets, distribution...).
Popular reception of co-produced films.
Arab cinemas and international festivals.
Politics of local film festivals.
Film genres in co-produced cinemas.
State censorship and foreign expectations. Auteur films and the coproduction system.
Narrative norms and margins of creation.
Original narrative forms.
Alternative modes of production.
Additionally, they can address any other topic that can be of interest to the conference.

Submission guidelines

Authors wishing to submit an abstract (in French, English or Arabic) are invited to send it to the following address:regards@usj.edu.lb.
Before December 31, 2019.

Authors should provide the following information:

An abstract of the article (approx. 500 words).
A mini bio-bibliography (approx. 100 words).
The abstracts will be examined by the editorial committee, and the authors will receive an answer before January 10, 2019.

Scientific Committee

Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)
Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Riccardo Bocco, PR (Graduate Institute of International and Development Studies Genève, IHEID, Suisse)
Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France)
André Habib, PR (Université de Montréal, Canada)
Dalia Mostafa, MCF (University of Manchester, Angleterre)
José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
Jacqueline Nacache, PR (Université Paris Diderot – Paris 7, France)
Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Kirsten Scheid, Associate PR (American University of Beirut, Liban)
Editor-in-chief: Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)

Edition editors: José Moure (Université Paris Panthéon-Sorbonne, Paris 1), Wissam Mouawad (Académie Libanaise des Beaux-Arts, University of Balamand),
Elie Yazbek (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth)

« Narrative forms and co-production in Arab cinemas », Call for papers, Calenda, Published on Monday, November 25, 2019

 

 

Appel à contribution Regards no 23

Le corps dans tous ses états : les régimes esthétiques du corps dans le monde arabe

Ce numéro de Regards arrêtera son attention sur les relations que le cinéma, le théâtre et les arts en général entretiennent actuellement au corps dans les sociétés arabes et, plus largement, dans l’aire méditerranéenne. L’idée même de telles relations souffre d’un préjugé tenace dans les imaginaires. En bref, le monde arabe en serait dépourvu.
Or ce rapport de l’art au corps, bien qu’il puisse être ignoré, voire occulté ou même dénié, nous semble non seulement effectif, mais aussi d’une incroyable vivacité. Il suffirait pour s’en convaincre d’établir une historiographie de l’art moderne et contemporain dans le monde arabe.
Ce n’est cependant pas cette perspective diachronique que ce numéro de Regards adoptera. Il envisagera plutôt le corps, les rapports au corps ou les corporéités que les arts, les artistes et leurs réalisations rendent possibles au cœur même de la société. De quels corps, rapports au corps ou corporéités les arts se font-ils la condition de possibilité ? Quels corps, rapports au corps et corporéités les arts rendent-ils possibles dans des sociétés qui font face, dans le monde arabe, à l’effondrement des grands discours, ici du panarabisme - comme ce fut le cas, ailleurs, du communisme -, aux aléas des ères postrévolutionnaires, à l’incapacité du libéralisme à faire société, à la crise des démocraties, à l’affirmation des régimes autoritaires, à la banalisation marchande de l’expérience humaine et de toutes ses formes de singularités, à l’exacerbation des passions identitaires, nationalistes et fondamentalistes, jusqu’à la prolifération de toutes les formes d’obscurantismes… ?

  1. Corps en représentation…

Lorsque l’art envisage le corps du point de vue de la représentation, que celui-ci s’y révèle dans ses formes idéales, s’engage dans le difforme ou disparaisse, l’art fait du corps, tantôt une sorte d’extériorité en soi dont il se propose de dévoiler ce qu’elle dissimule de vérité et d’illusions, tantôt le moyen dont la maîtrise permet au sujet d’avoir plus ou moins prise sur son environnement, tantôt la trace ou l’ombre portée soustraite à une réalité qui fait fi de celui-ci. À travers les différentes formes de la représentation du corps, c’est peut-être la contemporanéité du sujet qui est interrogée.

– Trouve-t-on dans le monde arabe des œuvres cinématographiques, des pièces de théâtre, des œuvres picturales ou musicales, des poèmes ou des pièces chorégraphiques… à travers lesquels le corps est représenté ou se donne en représentation dans sa toute puissance ou ses affres ?
– En quoi et dans quelle mesure la représentation contrastée du corps est-elle affaire d’expression du sujet souverain ou d’exercice de la souveraineté du sujet ?
- Quelle est la nature de ce sujet ?
- Quel type de corps, d’expérience corporelle ou de corporéités du sujet ces représentations du corps suggèrent-elles ?
- Certaines formes de représentation du corps s’exercent-elles sur le sujet comme des formes du pouvoir dominant (social, économique, politique, religieux…) ?

  1. Corps situationnel…
    Quand l’art s’émancipe de ce premier régime esthétique, qu’il insère directement le corps dans la réalité, il promet au sujet, à travers un corps plus situationnel, de l’en distancier. Dès lors, il cherche à détourner, à pasticher, voire à renverser, toutes les techniques de « disciplinarisation » du corps, qu’elles soient sociales, politiques, médiatiques, technologiques, économiques, cultuelles... Il fait alors du corps le vecteur et le lieu d’une contestation. D’aucuns diraient d’une transgression. Critique, parfois radical, l’art oppose alors un corps plus subjectif, c’est-à-dire plus spontané, plus rebelle à ce qui, de la culture et du social, le détermine.

– Est-il possible de repérer dans le monde arabe des réalisations artistiques qui conduisent le corps à résister l’appauvrissement et à l’amenuisement de ses manières d’être socialement et culturellement déterminées ?
– En quoi certaines productions artistiques contribuent-elles, en répondant à une sorte d’éthique de l’engagement, y compris corporel, à l’instauration d’un corps socialement et politiquement plus critique ? Peut-on parler, dans ce cas, et dans quels termes, d’une politisation du corps qui l’oppose à toutes les formes du dressage, du conditionnement et de l’apprivoisement social et culturel ?
– L’art, a contrario, peut-il n’être qu’une technique d’enfermement du corps dans des savoirs préconstitués et normatifs ?
– N’est-il, quand il est entre les mains des pouvoirs dominants, qu’un moyen de capture, de coupure et de clôture des subjectivités dans un flux de subjectivation unidimensionnels ?

  1. Corps existentiel…

Nous pourrions, enfin, nous interroger sur la relation que les arts (cinéma, théâtre, arts du spectacle, arts plastiques…) entretiennent au corps quand le corps lui-même devient le principal moyen de domination biopolitique des individus dans les sociétés de contrôle. L’art, à ce stade du social et de la culture, peine vraisemblablement à faire du corps le moyen d’expression ou de résistance d’une quelconque souveraineté du sujet. Peut-être fait-il dès lors place à un corps plus existentiel, œuvrant plutôt à lui offrir une existence encore possible ou un devenir qui le mette dans tous ses états.

– Peut-on identifier dans le monde arabe des productions cinématographiques, théâtrales et artistiques qui s’offrent au corps comme un plan directement existentiel dans lequel il se (re)plonge et (re)commence à vivre ?
– L’art peut-il constituer pour le corps un processus bio-vital d’hétérogenèse dans lequel il se (re)connecte à une diversité infinie d’expériences (sensibles, cognitives, perceptives…) régénératrices ?
– L’art, en d’autres termes, peut-il devenir une « culture de soi » ou les conditions mêmes dans lesquelles un corps se (ré)invente et offre de « nouvelle possibilité de vie » ?
– Ou bien l’art, à grand renfort d’expériences corporelles, se voue-t-il désormais seulement à n’être plus que le pis-aller de cette sorte de normopathie généralisée qui lui sert de gangue, au service qu’il serait du capitalisme immatériel, des appareils d’intégration cognitifs, de l’industrialisation des émotions ?

Ce numéro de Regards, nous l’espérons, décrira, à travers des exemples concrets de productions artistiques (cinéma, théâtre, danse, photographie…), les rapports qui se tendent entre corps, savoirs constitués et pouvoirs dominants dans les sociétés arabes. Les articles proposés pourront traiter de réalisations artistiques qui relèvent de l’un de ces régimes de l’art ou proposer des analyses plus globalisantes puisque ces régimes esthétiques coexistent dans des sociétés qui sont tout à la fois de souveraineté, de discipline et de contrôle/intégration.

Modalités de soumission
Les chercheurs désireux de soumettre un abstract (en français, anglais ou arabe) sont invités à l’envoyer à l’adresse suivante : regards@usj.edu.lb, avant le 15 mai 2019.

 Le message doit comporter :
Le résumé (abstract) de l’article (approx. 500 mots).
Les Mots-clés.
Une notice bio-bibliographique (approx. 100 mots).
Les abstracts seront examinés par le comité de rédaction, et les auteurs recevront une réponse avant le 30 mai 2019.

Comité scientifique

La revue Regards est dotée d’un comité scientifique tournant, nommé pour trois ans, ainsi que d’un comité de lecture international. Le comité scientifique est composé des membres suivants :

Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)
Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Riccardo Bocco, PR (Graduate Institute of International and Development Studies Genève, IHEID, Suisse)
Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France)
André Habib, PR (Université de Montréal, Canada)
Dalia Mostafa, MCF (University of Manchester, Angleterre)
José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
Jacqueline Nacache, PR (Université Paris Diderot – Paris 7, France)
Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Kirsten Scheid, Associate PR (American University of Beirut, Liban)

Editor-in-chief: Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Rédacteur en chef : Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Directeur du dossier thématique : Gilles Suzanne (Aix-Marseille Université, France)

Bibliographie indicative

ARDENNE, Paul, Un art contextuel, Paris, Flammarion, coll. Champs, 2009.
BEAUGÉ, Gilbert, CLÉMENT, Jean-François (dir.), L’Image dans le monde arabe, Paris, CNRS, 1995.
BURKHALTER, Thomas, DICKINSON, Kay, HARBERT, Benjamin J. (dir.), The Arab avant-garde : music, politics, modernity, Middletown, Conn., Wesleyan University Press, Music/culture, 2013.
CHORON-BAIX, Catherine, MERMIER, Franck, Marchés de l’art émergents, Transcontinentales, n° 12-13, 2012.
DELEUZE, Gilles, "Post-scriptum sur les sociétés de contrôle", DELEUZE, Gilles, Pourparlers, Paris, Les Éditions de Minuits, 1990. 
FOUCAULT, Michel, Qu'est-ce que la critique ? Suivi de La culture de soi, Paris, Vrin, 2015.
BOISSIER, Annabelle, GILLET, Fanny, MESSAOUDI, Alain et al. (dir.), « Arts visuels en terres d'islams : nouvelles approches, nouveaux enjeux », Revue des Mondes Musulmans et de la Méditerranée, n° 142, 2017.
SUZANNE, Gilles, « Images au pouvoir et pouvoir des images en Méditerranée », Incertains Regards, Presses Universitaires de Provence, n° 6, 2016.

« Le corps dans tous ses états » Appel à contribution, Fabula, publié le 22 mars 2019

 

 

Appel à contribution Regards no 22

Portraits et autoportraits d’écrivains sur écrans (cinéma, audiovisuel, web)
Portraits and self-portraits of writers on screens (cinema, audiovisual and web)
Published on Monday, July 30, 2018

Ce colloque s'intéresse à la représentation d’écrivains (réels et fictifs) dans l’image animée documentaire et de fiction, sur grand et petit écran mais aussi sur le web. Le corpus comprendra donc des entretiens filmiques, des courts ou des longs métrages, des biopics ou bien encore des vidéos biographiques ou autobiographiques (lorsque l’écrivain a pris une part dans la réalisation et l’écriture du film) en ligne sur des blogs ou des sites personnels.

 Argumentaire

L’« image d’auteur » et sa représentation médiatique sont des axes de recherche prépondérants dans les analyses littéraires actuelles : les outils élaborés par Dominique Maingueneau[1], Ruth Amossy[2], José-Luis Diaz[3] ou encore Jérôme Meizoz[4] témoignent de la présence de l’écrivain comme acteur de la vie publique et culturelle. Parler de « portrait » déplace quelque peu le discours de la métaphore dramatique (« scène » ou « mise en scène ») vers la métaphore picturale qui met au cœur de la réflexion, l’image, fondamentale pour les arts et les médias cinématographique, audiovisuel et numérique. Cette journée d’étude s’inscrira dans ces perspectives de recherche en analysant particulièrement les stratégies de « visibilité[5] » et de « célébrité[6] » des écrivains à travers ces documents et les scénarios adoptés.

Si le portrait du peintre au cinéma a été largement traité[7], ce qui témoigne du dialogue privilégié entre ces deux arts, celui de l’écrivain a rarement fait l’objet d’études d’ensemble. Le colloque « Portraits et autoportraits d’auteur : l’écrivain mis en images[8] » qui se tiendra le 12 et 13 octobre 2018 exclut l’image animée. La plupart des études consacrées au portrait d’écrivains s’intéresse davantage à l’image fixe et à la photographie qui paraissent dans les reportages et les entretiens de presse[9] ou radiophoniques (filmés) et que l’on peut sans doute tenir pour les origines du sujet considéré[10]. Sans doute le statisme de la posture attribuée à l’écrivain, couramment représenté en penseur et en rêveur « assis », s’accorde-t-il davantage avec la photographie qu’avec le cinéma, art du mouvement. Nadja Cohen consacre toutefois un dossier sur les Écrivains à l’écran[11] : quoique s’intéressant aux écrivains réels et fictifs, son étude traite surtout du personnage d’écrivain au cinéma.

Pour notre part, nous nous intéresserons à la représentation d’écrivains (réels et fictifs) dans l’image animée documentaire et de fiction, sur grand et petit écran mais aussi sur le web. Le corpus comprendra donc des entretiens[12] filmiques, des courts ou des longs métrages, des biopics ou bien encore des vidéos biographiques ou autobiographiques (lorsque l’écrivain a pris une part dans la réalisation et l’écriture du film) en ligne sur des blogs ou des sites personnels. Les communications pourront traiter le sujet selon les axes suivants, établis à titre indicatif :

Axe I : Biographie, autobiographie, scénographie

Nous pourrions envisager des questionnements sur le genre du portrait cinématographique d’écrivain : suit-il les étapes traditionnelles et attendues des biographies d’auteur, selon une chronologie linéaire par exemple ou des jalons attendus « jeunesse », « maturité »…) ? Ce cinéma verse-t-il dans l’hagiographie ou la mythographie décriées par Theodor Adorno, qui qualifie ce genre de « camelote culturelle » qui joue de « la lie de la psychologie »[13] et du culte de la personnalité ? Quelles sont les realia utilisées par les réalisateurs ?  Comment sont traités la table de l’écrivain et ses objets, emblématiques[14] ?S’agit-il de reconduire la scénographie stéréotypée de l’écrivain à sa table de travail ou en pleine méditation lors d’une promenade improvisée ou, encore, en société ? Ces interrogations rejoignent alors pour partie les réflexions de Paul Valery, théoricien du musée[15] et de l’exposition littéraire pour qui le « problème général d’une Exposition » serait celui de de rendre sensible le travail de l’écrivain et de l’Esprit à l’œuvre en valorisant, par exemple, les différentes strates des manuscrits d’une œuvre. Au contraire, l’image animée et les supports médiatiques employés ont-ils vocation à bousculer cet imaginaire éculé de l’écrivain et de la littérature et par quels moyens ?

Axe II : le génie du décor : mise en scène de soi, mise en scène du chez-soi

Dans cette perspective, on pourrait axer la réflexion sur la représentation des lieux de création (cabinet de travail, salon-bureau, chambre, extérieurs…) : celle-ci a-t-elle pour fonction de générer une imagerie légendaire et glorifiante, ou de satisfaire les appétits voyeuristes du spectateur ? Ainsi, l’on pourra accorder une attention toute particulière à la figuration du domicile de l’écrivain dont l’aménagement et la décoration prennent parfois une place prépondérante dans ces films au point de structurer le parcours biographique et littéraire de l’auteur, voire de constituer un sujet indissociable de sa biographie et de son œuvre dans l’esprit de la Maison d’un artiste d’Edmond de Goncourt. Aussi certains de ces films sont-ils l’occasion de consacrer les lieux de vie et de création de l’écrivain dans l’imaginaire collectif et de les faire valoir, dans certains cas, comme des œuvres à part entière. Ainsi de Hauteville House pour Hugo, de l’hôtel Pimodan (hôtel de Lauzun) pour Baudelaire et Gautier par exemple, d’Arnaga pour Rostand, de Malagar pour Mauriac ou encore des Roches noires pour Duras. Nous pourrons porter également une attention particulière au corps de l’écrivain dans la mesure où le film parlant et l’image animée offrent la possibilité de faire coïncider le visage et la voix de l’écrivain, et celle de représenter l’écrivain en mouvement.

Axe III : Littérature et images animées, le portrait intermédial

Le choix du medium et du support filmique pour retracer un parcours littéraire pourrait être interrogé : ce choix fait-il sens au regard de l’intérêt de l’écrivain pour l’art cinématographique ? Comment le film fait-il la monstration de l’écriture ? Comment générer de l’« action » par le récit de l’écriture ? Car, comme l’écrit Alain Boillat : « Bien que le cinéma ne soit pas avare en figures de romanciers ou de poètes, le film narratif s’accommode mal du déficit en termes de spectaculaire et d’action qu’implique la monstration de l’écrit, et développe en général des stratégies narratives visant à nier la matérialité du texte[16] ».

Axe IV : portrait cinématographique et histoire littéraire

Comment les portraits cinématographiques permettent-ils de changer l’« image de marque » de l’écrivain au cours de sa carrière ? Le portrait cinématographique reconduit-il l’imagerie traditionnelle de cet auteur ou contribue-t-il à proposer un nouveau récit ? Vient-il confirmer ou infirmer ce que l’histoire littéraire a fixé dans l’imaginaire collectif ? Le biopic, par exemple, n’entre-t-il que dans une logique patrimoniale et légitimante, comme l’affirme Dennis Bingham en écrivant que ce genre « fait entrer le sujet biographique dans le panthéon de la mythologie culturelle[17] » ? En quoi cet effet de présence de l’écrivain peut-il avoir une influence sur notre lecture in absentia ?

Modalités de soumission

Les propositions de communications (300 mots) comportant une bio-bibliographie seront à adresser à marieclemenceregnier@hotmail.com et marion_brun@ymail.com au plus tard le 4 janvier 2019.
La journée d’études aura lieu à l'Université d'Artois le 20 juin 2019. Elle donnera lieu à une publication.

Évaluation

Les propositions seront examinées par le comité scientifique composé de Jean-Louis Jeannelle, Jérôme Meizoz, Ugo Ruiz, Adeline Wrona et Gilles Bonnet.

Références

[1] Dominique Maingueneau, Le discours littéraire, Paratopie et scène d’énonciation, Paris, Armand Colin, 2004.
[2] Ruth Amossy, La présentation de soi, ethos et identité verbale, Paris, Presses Universitaires de France, 2010.
[3] José-Luis Diaz, L’Écrivain imaginaire. Scénographies auctoriales à l’époque romantique, Paris, Champion, coll. « Romantisme et modernités », 2007.
[4] Jérôme Meizoz, Postures littéraires, mises en scène modernes de l’auteur, Genève, Slatkine Érudition, 2007. On peut aussi penser aux travaux de David Martens : David Martens et Myriam Watthée-Delmotte (dir.), L’écrivain, un objet culturel, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, coll. « Écritures », 2012 ; David Martens et Nausicaa Dewez, « Table d’orientation », Interférences littéraires / Literaire interferenties, dans David Martens et Nausicaa Dewez (dir.), « Iconographies de l’écrivain », mai 2009, n° 2.
[5] Nathalie Heinich, De la visibilité, excellence et singularité en régime médiatique, Éditions Gallimard, 2012.
[6] Antoine Lilti, Figures publiques. L'invention de la célébrité (1750-1850), Paris, Fayard, coll. « L'épreuve de l'histoire », 2014.
[7] Gilles Mouëllic et Laurent Le Forestier (dir.), Filmer l’artiste au travail, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013.
[8] Caroline Marie, Xavier Giudicelli, « Portraits et autoportraits d’auteur : l’écrivain mis en images », 12 et 13 octobre 2018, Paris VIII.
[9] Voir Jean-Pierre Bertrand, Pascal Durand et Martine Lavaud (dir.), Le portrait photographique d’écrivain, COnTEXTES, n°14, 2014, [en ligne] https://journals.openedition.org/contextes/5904, consulté le 11 avril 2018.
Voir David Martens, Jean-Pierre Montier et Anne Reverseau (dir.), L’écrivain vu par la photographie, formes, usages, enjeux, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2017. MarieBlaise, Marie-Ève Thérenty et Sylvie Triaire(dir.), L’interview d’écrivain. Figures bibliques d’autorité, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, coll. « Collection des littératures », 2014 ; Elizabeth Emery,Le photojournalisme et la naissance des maisons-musées d’écrivains en France (1881-1914), traduit par Jean Kempf et Christine Kiehl ; avant-propos de Dominique Pety, Chambéry, Université Savoie Mont Blanc, coll. « Écriture et représentation », vol. 32, 2016.
[10] Pierre-Marie Héron (dir.), Écrivains au micro : Les entretiens feuilletons à la radio française dans les années cinquante, Nouvelle édition [en ligne], Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
[11] Nadja Cohen, Écrivains à l’écran, Captures, figures, théories et pratiques de l’imaginaire, volume n°2, numéro 1, mai 2017, [en ligne], http://revuecaptures.org/dossier/%C3%A9crivains-%C3%A0-l%E2%80%99%C3%A9cran, consulté le 11 avril 2018.
[12] Sur la question de l’entretien, voir Galia Yanoshevsky, « L’entretien littéraire, un objet privilégié pour l’analyse de discours ? », Argumentation et analyse du discours, n° 12, 2014, [en ligne] https://journals.openedition.org/aad/1726?lang=en, consulté le 11 avril 2018.
[13] Cité sans référence par Valentine Robert « Introduction, fictions de la création : la peinture en abyme et le cinéma en question », dans Gilles Mouëllic et Laurent Le Forestier (dir.), Filmer l’artiste au travail, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013, p. 16.
[14] Voir sur cette question, Marie-Ève Thérenty et Adeline Wrona, Objets insignes et objets infâmes de la littérature, colloque 19-20 mai 2015, Paris.
[15]Paul Valéry, Le problème des musées dansŒuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. « Pléiade », 1960, p. 1290 et suiv. ; Ébauche et premiers éléments d’un Musée de la Littérature, présentés sous la direction de Julien Cain, préface de Paul Valéry, Paris, Éditions Denoël, 1938
[16] Alain Boillat, « Le déni de l’écrit à l’écran. L’écrivain, son œuvre et l’univers filmique », Décadrages [En ligne], 16-17 | 2010, mis en ligne le 10 février 2011, consulté le 11 avril 2018. URL : http://journals.openedition.org/decadrages/236 ; DOI : 10.4000/decadrages.236.
[17] Dennis Bingham, Whose Lives are they Anyway ? The biopic as Contemporary Film genre, New Brunswick/New Jersey/London, Rutgers University Press, p. 10, traduction d’Alain Boillat.

« Portraits and self-portraits of writers on screens (cinema, audiovisual and web) », Call for papers, Calenda, Published on Monday, July 30, 2018

 

 

Appel à contribution Regards no 21

Images en mémoire, mémoires en image : Les représentations des conflits dans les pays arabes durant les années 2010

Présentation
La revue Regards – revue des arts du spectacle est une revue pluridisciplinaire publiée par l’Institut d’Etudes Scéniques, Audiovisuelles et Cinématographiques (IESAV) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ).
La revue traite principalement du cinéma, du théâtre et des arts du spectacle en général dans les pays du Proche et du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et les pays méditerranéens globalement. Revue semestrielle et trilingue (français, arabe, anglais), elle est composée d’un dossier thématique, d’une section Varia et d’une section consacrée à des comptes rendus de manifestations culturelles et artistiques de la région.
Pour son premier numéro, la revue Regards lance un appel à contribution pour la section « Dossier thématique » et la section « Varia ».

Images en mémoire, mémoires en image : Les représentations des conflits dans les pays arabes durant les années 2010.

Les questions de la mémoire et de la représentation des conflits sont profondément ancrées dans les pratiques cinématographiques et artistiques des pays arabes : le cinéma libanais ne cesse d’interroger la guerre civile depuis son déclenchement en 1975, explorant jusqu’à maintenant ses séquelles dans un contexte socio-politique national et régional trouble ; le cinéma égyptien, malgré la censure et l’alignement de l’industrie sur les régimes politiques, est révélateur des bouleversements sociétaux et géopolitiques ; le cinéma palestinien tente de documenter une présence, preuve de l’existence de tout un peuple mais aussi de cadrer un espace-temps identitaire qui lui échappe…

Durant la dernière décennie, et suite aux événements actuels dans le monde arabe et aux bouleversements politiques et sociaux qui s’ensuivent, de la Tunisie jusqu’en Syrie en passant entre autres par le Liban, l’Egypte, la Palestine ou la Libye, les œuvres interrogeant ces conflits sont en quelque sorte mises sous les feux de la rampe : cinéastes, documentaristes, vidéastes, plasticiens et photographes sont sollicités pour être les témoins d’une période considérée comme un tournant majeur dans le destin des pays de la région. Mais la question demeure la suivante : quels bouleversements profonds, pertinents et durables ces événements ont-ils provoqué dans les pratiques cinématographiques et artistiques des pays concernés ?

En prenant pour point de départ les cinémas et les pratiques visuelles au Liban et dans les pays arabes, nous essayerons de formuler notre problématique à partir de certaines questions principales : dans l’histoire moderne et contemporaine, quelle(s) représentation(s) ces artistes ont-ils proposé de leurs sociétés d’origine ? Quelle place ont occupé le cinéma, la vidéo et les arts visuels dans la vie culturelle et sociale des pays de la région ?

De même, à travers un état des lieux des pratiques visuelles contemporaines, de leur production et leur exploitation nationale, régionale ou mondiale, nous tenterons d’appréhender les limites, le potentiel et les défis de ces pratiques, et de deviner leur capacité à rendre compte de l’Histoire et de l’actualité des pays de la région.

Ce dossier thématique a pour ambition : de suggérer de nouveaux axes de recherche possibles relatifs aux pratiques artistiques contemporaines ; de rendre compte des liens qui se tissent entre le milieu du cinéma, les différentes communautés artistiques et les milieux politiques ou la société civile ; de traiter des différents moyens engagés par les cinéastes et artistes de la région pour représenter les conflits en cours ou passés.

Axes de recherche

Les principaux axes de recherche couverts par ce numéro sont les suivants (liste non exhaustive) :
Les représentations du conflit dans les cinémas arabes (Liban, Egypte, Irak, Syrie, Tunisie, Palestine…)
La persistance des retombées d’un conflit face à l’amnésie et à l’occultation délibérée.
L’œuvre des femmes cinéastes, et leur rôle prédominant dans certaines cinématographiques nationales, notamment au Liban.
Echanges entre les cinémas arabes et les autres pratiques artistiques (littérature, arts plastiques, musique…)

Contributions
Les chercheurs désireux de soumettre un texte (en français, anglais ou arabe) sont invités à l’envoyer à l’adresse suivante : regards@usj.edu.lb, avant le 30 septembre 2018.

Le message doit comporter :
Le titre de la communication
Le résumé (abstract) de l’article (1000 signes maximum).
Mots-clés.
Une notice bio-bibliographique (500-750 signes).
L’article (35000 signes maximum, espaces compris)

Les articles seront examinés par le comité de rédaction et soumis à un processus de double évaluation aveugle. Les auteurs des articles seront avertis de la décision du comité de lecture vers la mi-novembre.

La revue est dotée d’un comité scientifique tournant, nommé pour trois ans.

Le premier comité scientifique est composé des membres suivants :

Elie Yazbek, PR associé (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban – président du comité scientifique)
Ghada Sayegh, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Toufic El-Khoury, MCF (IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Karl Akiki, MCF (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)
Jacqueline Nacache, PR (Université Paris Diderot – Paris 7, France)
José Moure, PR (Université Paris Panthéon Sorbonne – Paris 1, France)
Fabien Boully, MCF (Université Paris Nanterre, France)
André Habib, PR (Université de Montréal, Canada)
Dalia Mostafa, Assistant PR (University of Manchester, Angleterre)
Hamid Aidouni, PR (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc)

Rédacteur en chef : Joseph Korkmaz, PR (Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban)

Bibliographie

ARMES, Roy (2010). Arab Filmmakers of the Middle East: A Dictionary, Bloomington, Indiana University Press., 194 pages.
BEAUGÉ, Gilbert & CLÉMENT, Jean-François (dir.) (1995). L’Image dans le monde arabe, Paris, CNRS, 322 pages.
BOEX, Cécile, « Être cinéaste syrien », in Itinéraires esthétiques et scènes culturelles au Proche-Orient. In MERMIER Franck & PUIG Nicolas, Beyrouth, Presses de l’Ifpo, 2007, p. 175-201.
DABASHI, Hamid (2006). Dreams of a Nation: on Palestinian cinema, Verso, London, 213 pages.
DEVICTOR, Agnès (dir.), Cinémas arabes du 21e siècle : nouveaux territoires, nouveaux enjeux, Aix-en-Provence, Revue des Mondes Musulmans et de la Méditerranée, 2013.
DONNEZ-COLIN, Gönül (dir.) (2007). The Cinema of North Africa and the Middle East, Waliflower Press, London, 292 pages.
GERTZ, Nurith & KHLEIFI, George (2008). Palestinian Cinema: Landscape, Trauma and Memory, Edinburgh University Press, Edinburgh, 224 pages.
KHATIB, Lina (2008). Lebanese Cinema: Imagining the civil war and Beyond, IB Tauris, New York, 214 pages.
KHATIB, Lina (2006). Filming the Modern Middle East: politics in the cinemas of Hollywood and the Arab World, I.B. Tauris, London, 242 pages.
KHAYATI, Khemaïs (1996). Cinémas arabes : topographie d’une image éclatée, L’Harmattan, Paris, 247 pages.
SALTI, Rasha (2006). Insights into Syrian Cinema, Rattapala Press, New York, 189 pages.
Yazbek Elie, Regards sur le cinéma libanais 1990-2010, Paris, L’Harmattan, 2012, 78 pages.

« Images en mémoire, mémoires en image » Appel à contribution, Fabula, publié le 5 juin 2018