Résumé
Dans cet article, inspiré de nos recherches en sociolinguistique, nous proposons de réfléchir à l’idée selon laquelle la traduction est un processus permanent, non seulement lié aux passages d’une langue à une autre, mais également lié à l’acte même de parole. Les élèves allophones, en tant qu’étrangers linguistiques, représentent pour les enseignants interrogés une forme de limite qui semble pouvoir être utilisée pour reconsidérer les frontières des langues, de la langue et de l’altérité. Ainsi, le plurilinguisme et la traduction ne concerneraient plus seulement des locuteurs étrangers qui parlent des langues différentes, mais aussi des locuteurs qui pensent parler la même langue, parce que leur langue porte le même nom. Cette conception de l’étrangeté et de l’altérité au sein d’une même langue et entre locuteurs d’une même langue inviterait alors à penser l’allophonie, c’est-à-dire littéralement l’altérité linguistique et langagière, comme étant inhérente à l’acte même de parole.