Résumé
Dans cet article, Anis Chérif-Alami s’intéresse au rapport ambivalent que semble entretenir avec le politique un festival d’improvisation musicale à Beyrouth ; «Irtijal», fondé par deux musiciens de free jazz, Mazen Kerbaj et Sharif Sehnaoui. Partant des théories de Bourdieu, il promène, sur le terrain, un regard sur les oeuvres d’artistes qui demeure cependant moins fétichiste que les artistes étudiés par Bourdieu. Face à l’effacement de l’écart qui sépare la scène du public, l’étude invite au rêve d’une «théâtrocratie», d’une organisation politique idéale, de type libertaire sans pour autant glisser vers l’anarchie. Ceci pose, de manière plus empirique, la question de savoir comment investir, dans ce cas, l’espace urbain. Tel est l’enjeu central que pointe l’auteur. Ce festival qui engage la musique – en tant que métaphore de la ville – comme outil «poético-politique» dirigé contre l’industrie musicale, réussit-il à s’émanciper, tel qu’il le souhaite, du microcosme élitiste ?