Depuis deux décennies, les séries télévisées s’affirment à l’échelle mondiale en tant qu’objet culturel. Le développement des chaînes spécialisées et, plus récemment, l’apparition des plateformes streaming provoquent un raz-de-marée culturel et un changement des pratiques de consommation audio-visuelle.
Les séries correspondent à un art populaire se soumettant au goût du public. Elles sont les héritières des romans-feuilletons du XIXe siècle et s’appuient donc sur le principe de l’offre et de la demande de leur cible. Soumises comme le roman-feuilleton aux effets de la publicité, elles ne peuvent que prendre en compte leur téléspectateur dans sa réalité et dans ses aspirations.
Outre-Atlantique, de nombreuses disciplines issues des sciences humaines et sociales prennent ce produit pour objet d’étude vu qu’il fait interagir la littérature, l’histoire, la philosophie, la sociologie, la géographie et la psychologie tant au niveau de l’intrigue que de la construction du canevas. La série est tantôt vue comme un miroir de la société contemporaine et tantôt comme un acteur démagogique ayant un impact sur le fonctionnement du monde actuel. Ce produit de la culture populaire révèle également de nouveaux modes de lecture dans un XXIe siècle où l’image remplace l’écrit.
Ce numéro croise les regards des chercheurs issus des Humanités autour des écritures sérielles. Les auteurs s’y sont intéressés en analysant par exemple les personnages, la gestion spatio-temporelle, la fonction des paysages, la production du scénario, au public-cible… de manière à croiser les regards disciplinaires sur ce nouveau produit culturel que la recherche marginalise.