Résumé
Dans les années 1980, pendant la guerre civile, le Liban a fait appel à une main-d’œuvre asiatique et africaine pour remplacer les Libanais peu qualifiés qui hésitaient généralement à entreprendre un travail difficile et dégradant à leurs yeux mais également pour répondre à une pénurie due à l’émigration. La majorité de ces travailleurs migrants était essentiellement constituée femmes. À partir d’octobre 2019, le pays a sombré dans une grave crise économique et financière qui a abouti à une grave pénurie en devises étrangères. Cet article étudie l'impact de la crise sur les travailleurs émigrés, à savoir les travailleuses domestiques étrangères, d'octobre 2019 jusqu'à la fermeture de l'aéroport international libanais Rafik El-Hariri, le 18 mars 2020. Notre recherche s'appuie sur une analyse statistique de données officielles ainsi que sur l'analyse d’entretiens menés avec des personnes clés. L’article vise à faire la lumière sur l'importance des travailleuses migrantes, leur rôle dans les ménages libanais et leur vulnérabilité en temps de crise. Il présente également le destin d'une industrie autrefois florissante qui reposait sur le recrutement de travailleurs domestiques pour les ménages locaux.