Résumé
La double explosion du port de Beyrouth a défiguré la ville, la rendant méconnaissable, effroyable. Aussi, dès lors pour les Libanais traumatisés, fuir leur ville est-il redevenu le seul acte rationnel à (ré)entreprendre. L’article proposé aborde le thème de l’exil auquel le peuple libanais semble « condamné » depuis des décennies. Au travers d'un éclairage à la fois philosophique et historique, nous mettrons en lumière sa récurrence, comme le révélateur de la problématique de « l’être-ensemble », cherchant, dans un premier temps, à comprendre le rapport entre le visage toujours changeant du Liban et l'exil de ses citoyens. Cette entrée s'adossera ensuite au roman de Wajdi Mouawad, Visage retrouvé dont le récit serait l’allégorie de la réhabilitation du visage méconnaissable et effroyable de la ville natale au travers d’une écriture pansement, qui défie la distance et l’absence. Car le véritable défi serait de « recomposer le tissu social » d'un peuple dont le salut ne saurait résider en dehors de l’acceptation de l’altérité, de l’autre dans sa différence, cet autre avec qui il faudra reconstruire Beyrouth et la magnifier afin que la compensation du traumatisme devienne littéralement transfiguration du visage défiguré.