Résumé
La ville de Bangui, à l’instar des autres villes d’Afrique voire du monde, n’est pas épargnée par les mouvements sociaux, à caractère révolutionnaire. De l’Université, en transitant par les sociétés étatiques, paraétatiques, les demandeurs d’emplois, ou en instance d’intégration (intégrables), les victimes des conflits militaro-politiques qui réclament justice et non l’amnistie, etc. - tous ces acteurs développent des modes opératoires, pour exercer des pressions sur leurs « adversaires » ou pour demander justice. L’objectif de cette étude est de mettre en exergue les modes opératoires de ces acteurs, les raisons de leurs révolutions dans la ville de Bangui. Le questionnement principal qui va orienter cette étude est le suivant : comment les révolutions se manifestent-elles dans la ville de Bangui ? De cette question, se dégagent les questions secondaires telles que, pourquoi les acteurs se révoltent-ils ?
Quelles sont les actions qu’ils développent pour faire pression sur leurs adversaires ? La méthodologie s’appuie sur l’approche compréhensive ou la sociologie de l’action wébérienne et touraine. Il s’agira, de chercher à « comprendre » ces acteurs et leurs actions révolutionnaires. Des outils de collecte de données qualitatives sont mobilisés, à savoir les guides d’entretien, l’observation et les focus groups. Il ressort de cette étude qu’à Bangui, capitale de la République Centrafricaine (RCA), les étudiants, les personnels de la SOCATEL (Société Centrafricaine de Télécommunication), de la téléphonie mobile AZUR, des intégrables, etc.), se révoltent pour réclamer un certain nombre de droits, qu’ils jugent légitimes. Les modes opératoires sont entre autres, la fermeture des bureaux, les messages sur des banderoles à caractère subversif - par exemple « 60 mois d’arriérés, c’est trop », ou encore « monsieur le Directeur Général dégagé ». Les victimes de guerres (veuves et orphelines) organisent des marches avec banderoles sur lesquelles l’on peut lire « non à l’amnistie ». Des étudiants de l’Université de Bangui, cependant, pour réclamer leurs arriérés de bourses, préfèrent barricader la grande avenue des martyrs, qui loge l’Université, empêchant le passage des véhicules, de sorte à faire pression sur l’État. Selon les acteurs, ces modes opératoires sont toujours efficaces, en ce sens qu’ils permettent d’obtenir « gain de cause ». Les bourses sont payées, une partie d’arriérés de vacations et de salaires est versée, des situations sont améliorées. Toutefois, les acteurs déplorent le fait qu’en dépit de la force de leurs actions et la pression qu’elles pourront avoir sur leurs adversaires, ceci pose encore des problèmes de leaders et de coalition. Les leaders de ces mouvements sont exposés à des risques de corruption mettant la base dans le grand désarroi.