Tu n’as rien vu à Beyrouth
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Mots-clés

Trauma
Histoire
Mémoire
Oubli
Justice

Comment citer

BEJJANI , G. (2022). Tu n’as rien vu à Beyrouth. InteraXXIons, (2), 121-144. Consulté à l’adresse https://journals.usj.edu.lb/interaxxions/article/view/726

Résumé

Ne pas penser la catastrophe. Ne pas penser le trauma. Les voir, les revoir, faire un travail de mémoire pour en avoir la conscience sauve. Et peut-être guérie. Car comment peut-on oublier l’explosion du port de Beyrouth, le mardi 4 août 2020 ? Ou plutôt la véritable question est : comment peut-on ne pas oublier l’horreur et la puissance du mal, qui en est l’agent impuni ? Il s’agit d’apporter des éléments de réponse pour panser le traumatisme en se fondant sur une approche à la fois littéraire, historique et philosophique.
Sur le plan de la littérature, on s’inspire de Hiroshima mon amour de Marguerite Duras, scénario adapté à l’écran par Alain Resnais. Que signifie le « Tu n’as rien vu à Hiroshima » ou à Beyrouth ? Quels sont les multiples sens de chacun des mots de la phrase ?
D’un point de vue historique, on explique la théorie de Paul Ricœur qui met en relation la mémoire, l’histoire et l’oubli pour dégager les fonctions cathartiques de ce qu’il appelle la mémoire obligée, par opposition aux deux autres types de mémoires, empêchée et manipulée. L’étude porte sur l’incurie politique et les incompétences de l’État libanais qui n’a pas saisi la nécessité du travail de deuil et l’impératif de justice.
Nous aboutissons à ce qui nous engage dans un processus post-traumatique : la prise de conscience et la responsabilité éthique. La réflexion se fonde sur les concepts de Soljenitsyne, de Camus, de Levinas et de Grossman : en se mettant au service de la vérité et de l’altérité, le philosophe rétablit la hiérarchie des valeurs et il permet au citoyen d’assumer la tragédie, et surtout, d’agir dans un double mouvement de lucidité et de solidarité

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