Résumé
Le traité d’al-Kindī Sur la philosophie première inclut une définition du corps comme une substance «ayant trois dimensions» que le philosophe décrit en termes de composition : le corps est une espèce de la substance, il est donc «composé de la substance, qui est son genre, et du long, du large et du profond qui sont sa différence». Il est un corps, du fait qu’«il est aussi (wa-huwa) composé d’une matière et d’une forme». Suivant la manière dont on lit wa-huwa on peut se demander si al-Kindī admet une correspondance entre la composition du genre et de la différence propre à la définition et la composition hylémorphique du corps. Cela impliquerait d’identifier la différence, ici ‘les dimensions’, avec la forme substantielle du corps en tant que composé hylémorphique. La première partie de l’article s’intéresse à la manière dont al-Kindī conçoit la tridimensionnalité comme forme du corps et donc comme substance à partir de laquelle le corps, en tant que composé hylémorphique, dérive sa substantialité. Cela n’empêche qu’ailleurs, dans le même traité, al-Kindī considère, le long, le large et le profond comme des « parties accidentelles » du corps vivant. Dans quelle mesure cela ne contredit pas ce qui précède, fait l’objet de la seconde partie. Enfin, la troisième partie de l’article montre comment al-Kindī identifie la différence de la substance composée avec la forme substantielle du composé hylémorphique dans la mesure où elle spécifie la substance.