Résumé
La notion d’hybridité était bien connue de la civilisation islamique que ce soit dans le règne animale ou végétal, illustrée notamment par l’exemple de la génération de mules, en général stériles, à partir de l’accouplement d’un âne et d’une jument. Cet article montre qu’al-Ǧaḥiẓ (m. 869 CE) était même au fait de la possibilité d’une forme d’hybridité dont le résultat du processus d’hybridation s’avère supérieur aux parents. Il en donne pour exemple le cas, dans le règne animal, du pigeon rāʿibī qui est plus gros que son père, le warsān (pigeon des bois) et que sa mère, le pigeon ordinaire, devenant ainsi une variété supérieure aux deux espèces dont il est le produit. Sur le plan intellectuel et culturel, l’auteur de l’article, utilise la notion d’hybridité comme une métaphore pour expliquer comment la civilisation islamique naissante a réussi à produire une synthèse plus vigoureuse que les deux traditions dont elle est l’héritière. Cette hybridité est illustrée par le cas de ʿAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī (d. 964 CE), qui a essayé de superposer en une seule et même représentation des constellations célestes, la tradition grecque et la culture arabe traditionnelle.